Date: 02/02/2014
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux Son Excellence M. Ban Ki-Moon, Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies Honorables Ministres, Mesdames et Messieurs, Assalamou Alaikom Warahmatou Allahi Wa Barakatouhou Qu’il me soit permis tout d’abord de saluer les efforts continus et les initiatives constructives que le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, M. Ban Ki-moon, n’a cessé de déployer depuis le déclenchement de la crise en Syrie, dans l’objectif de lui identifier une solution pacifique. Je ne saurais également omettre de faire part de nos sentiments de gratitude et de reconnaissance à M. Lakhdar Brahimi, Représentant spécial conjoint de la Ligue des Etats arabes et de l’Organisation des Nations unies, pour les efforts sincères qu’il déploie en vue de résoudre la crise syrienne par la négociation et à la faveur de solutions politiques pacifiques, dans le cadre de la mise en application du Communiqué final de Genève 1 et de la Résolution 2118 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Monsieur le Président, Excellences, Nous savons tous que le soulèvement populaire en Syrie a commencé avec des marches pacifiques en mars 2011, qui revendiquaient le changement et la réforme, conformément au droit des peuples et aux aspirations du monde entier à l’instauration de la bonne gouvernance, au respect des droits de l’homme et au développement durable. Toutefois, ces revendications légitimes et ces marches pacifiques s’étaient heurtées à une répression de la part du régime syrien, aux massacres et à la destruction des biens publics et privés, ainsi que du patrimoine civilisationnel, religieux et culturel de toutes les franges de la société syrienne. Aussi, le régime a-t-il œuvré de plain-pied à attiser un conflit sectaire et ethnique au détriment de la cohésion et de l’équilibre sociaux. Depuis le déclenchement de la crise en Syrie, l’Organisation de la Coopération Islamique avait exhorté le régime syrien à répondre positivement aux revendications légitimes du peuple syrien et à s’abstenir de recourir aux méthodes de guerre et de persécution à l’encontre de ses propres citoyens. Aussi, a-t-elle œuvré à appuyer toutes les initiatives régionales et internationales visant à trouver une solution pacifique à la crise syrienne, y compris celles prises par le Représentant spécial conjoint de la Ligue des Etats arabes et de l’Organisation des Nations unies. En raison de l’intransigeance du régime syrien et de son entêtement à poursuivre sa politique de violence qui a fait de la situation en Syrie, l’une des plus grandes tragédies humaines de notre époque, le 4ème Session extraordinaire de la Conférence islamique au Sommet, tenue à La Mecque, les 14 et 15 août 2012, avait décidé de suspendre l’adhésion de la Syrie à l’OCI et à ses différents organes subsidiaires et spécialisés. D’autre part, la 12ème session de la Conférence islamique au Sommet, réunie au Caire, les 6 et 7 février 2013, est venue confirmer la politique de l’OCI concernant la crise en Syrie qui tend à préserver l’unité, la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, tout en appelant à consécration des valeurs islamiques de justice et d’équité, et au respect des droits humains. Elle a également insisté sur la nécessité de prémunir la Syrie contre la guerre civile et les conséquences qui en découleraient pour le peuple syrien, pour la région et pour la paix et la sécurité internationales, et réaffirmé la responsabilité première qui incombe au Gouvernement syrien dans la détérioration tragique de la Situation en Syrie. En outre, la Conférence islamique au Sommet a réitéré son soutien à toute action permettant d’atteindre les objectifs à même de faciliter l’engagement d’un processus politique syrien piloté par les Syriens eux-mêmes, ainsi que son appui aux principes et orientations vers une transition politique paisible qui répondrait aux aspirations légitimes du peuple syrien. De surcroît, les dirigeants des États membres de l’OCI avaient appelé le Conseil de Sécurité à assumer pleinement ses responsabilités pour identifier une solution pacifique et durable à la crise syrienne, et préparer le terrain à une transition politique en Syrie, conformément aux revendications légitimes du peuple syrien. Excellences, Mesdames et messieurs, Nous sommes convaincus que la Conférence de Genève 2, dont les travaux débutent aujourd’hui, conduira impérativement au règlement de la crise syrienne et permettra d’ouvrir des perspectives prometteuses pour la reconstruction de la Syrie et le rétablissement de sa sécurité et de sa stabilité, afin qu’elle soit un pays où prévalent la liberté, la justice, l’égalité et le respect des droits de l’homme pour tous les Syriens sans discrimination religieuse, ethnique, sectaire ou partisane. Dans le souci d’atteindre ces objectifs, l’Organisation de la Coopération Islamique réaffirme l’impératif qu’il y a à respecter les principes suivants : 1- Les pourparlers doivent se focaliser sur les moyens permettant de mettre en application le Communiqué final de la Conférence de Genève 1, en date du 30 juin 2012, qui souligne la nécessité de faciliter le démarrage d’un processus politique conduisant à un processus de transition propre à répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien et à l’habiliter à déterminer son propre avenir de manière indépendante et démocratique. 2- L’impératif d’un engagement à la pleine mise en œuvre du plan en « six points », et des résolutions 2042 et 2043 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptées en 2012. 3- La nécessité de déterminer pour les pourparlers de la Conférence de « Genève 2 », un calendrier engageant toutes les parties concernées en vue de parvenir à un accord et de mettre fin à la crise syrienne de façon pacifique et définitive. 4- L’impératif pour la Communauté internationale et, tout particulièrement, les acteurs influents et les organisations internationales et régionales, de continuer à assurer le suivi des négociations, et d’œuvrer à la cristallisation d’une volonté internationale sincère à atteindre une solution pacifique dans les meilleurs délais possibles pour mettre un terme à la souffrance du peuple syrien, d’une part, et aux massacres et à la destruction, d’autre part. 5- L’adoption par le Conseil de sécurité d’une résolution contraignante pour la mise en œuvre de l’accord final afin de résoudre la crise de manière pacifique. 6- L’engagement par la Communauté internationale de contribuer activement à la reconstruction et au développement durable en Syrie après la fin de la crise. Nous exhortons, par ailleurs, le Gouvernement syrien, à s’engager à une cessation immédiate des hostilités à l’entame des négociations, et ce en guise de preuve de bonne foi et de son attachement à parvenir à une solution pacifique pour la crise. Le Gouvernement syrien doit impérativement ouvrir l’accès aux organisations régionales et internationales de secours afin de leur permettre de fournir au peuple syrien les aides humanitaires urgentes et nécessaires. Nous réaffirmons, dans ce contexte, que l’OCI et ses institutions sont déterminées à continuer à apporter une assistance humanitaire au peuple syrien. L’OCI est également disposée à mettre à contribution ses potentialités humaines, morales et virtuelles afin d’assumer toute responsabilité ou mission propre à aider au rétablissement de la sécurité et de la stabilité en Syrie. Excellences, Mesdames et messieurs, La souffrance de millions de personnes déplacées et de réfugiés syriens, et le recours criminel aux armes chimiques, sont autant de défis majeurs auxquels cette réunion doit faire face et y remédier ; ceci ne doit pas cependant nous faire oublier que la situation qui prévaut en Syrie consiste dans son essence comme dans son contenu, en la lutte d’un peuple qui aspire à une vie libre et digne loin de l’oppression, de l’injustice et de la tyrannie ; et tant que le peuple syrien ne parviendra pas à atteindre ces objectifs légitimes et qu’il sera mis à l’écart de ses droits, la crise perdurera. Pour venir à bout de cette crise, ce dont nous avons besoin aujourd’hui c’est d’une Communauté internationale déterminée à demeurer attachée à ses idéaux, à ses principes et à ses Chartes. Il s’agit là de la responsabilité première des membres permanents du Conseil de Sécurité qui se sont octroyés le droit de veto. C’est aussi une responsabilité fondamentale pour les pays de la région qui se doivent d’œuvrer à atteindre un nouveau paradigme où la crise en Syrie ne serait pas considérée comme un tremplin pour gagner de l’influence, mais plutôt comme une raison pour emprunter une nouvelle voie menant à une région stable et prospère. Wassalamou Alaikom Warahmatou Allahi Wabarakatouhou.