Date: 11/05/2012
Votre Excellence Monsieur le Président Gurbanguly Berdimuhamedov, Président du Turkménistan, Votre Excellence Monsieur Antonio Guterres, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Excellences, Messieurs les Ministres et Chefs de délégation, Honorables Délégués, Honorables Observateurs et Invités, Mesdames et Messieurs, Je me réjouis d’avoir l’opportunité de m’adresser, aujourd’hui, à cet auguste auditoire à l’occasion de la session d’ouverture de la Conférence ministérielle internationale sur les réfugiés dans le monde musulman. Permettrez-moi, au nom de vous tous, d’exprimer mes sincères remerciements et ma profonde gratitude à son Excellence le Président du Turkménistan, au Gouvernement et au peuple turkmènes pour avoir généreusement accueilli cette importante conférence. Je tiens également à exprimer ma haute considération au Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés et ma grande satisfaction du partenariat effectif instauré entre nos deux organisations, partenariat qui a été couronné par la tenue de ces assises. Mes remerciements s’adressent aussi à l’ensemble des gouvernements des Etats membres et à toutes les institutions de l’OCI ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué d’une façon ou une autre à faciliter l’organisation de cet événement humanitaire historique. Excellences, Mesdames et messieurs, Lorsque nous avions pris la décision à l’OCI de tenir cette Conférence sur les réfugiés, nous avions instauré un partenariat avec le Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, afin de garantir que cet effort humanitaire serve nos nobles objectifs et traduise la détermination de nos Etats membres en actions propres à satisfaire l’humanitarisme moral et légal qui est si profondément ancré en nous. Accorder l’asile, protéger les réfugiés, les assister, leur témoigner de la compassion et les rassurer sont autant de piliers de notre tradition islamique. De même, l’assistance et la protection des réfugiés, indépendamment de leur foi, de leur couleur de peau ou de leur origine ethnique, ne sont pas seulement une obligation légale, mais constituent aussi et surtout un devoir moral et religieux, comme le stipulent ces préceptes et comme l’attestent les faits historiques. L’idée de protéger « Almustamin » ou le demandeur d’asile n’a jamais été remise en question ni dans ces enseignements ni dans la pratique. Ainsi, l’extradition d’« Almustamin » a-t-elle été proscrite, notion qui sera reconnue beaucoup plus tard, dans le Droit des réfugiés, comme étant le principe du« non-refoulement », pierre angulaire de la législation moderne sur les réfugiés. En fait, il existe une parfaite compatibilité entre les principes afférents aux réfugiés dans l’Islam et ceux consacrés, dans notre monde moderne, par le droit international des réfugiés. Cette base doctrinale a constitué un puissant stimulant qui nous a permis de jouer un rôle actif dans le champ humanitaire, non seulement au sein de nos Etats membres, mais aussi et dans la mesure du possible, dans le monde en général. Excellences, Mesdames et messieurs, Plus de 17 millions de réfugiés et de déplacés se trouvent dans les Etats membres de l’OCI, y compris ceux qui vivent dans des situations de refuge prolongé. Nous devrions continuer à œuvrer inlassablement et à déployer tous les efforts possibles afin d’assurer à ces réfugiés et déplacés assistance et protection, comme nous sommes censés le faire, dans le cadre d’un effort purement humanitaire. Nous devrions également identifier, à la faveur de la volonté de tous les gouvernements concernés, des solutions durables pour remédier à la situation de ces réfugiés, mettre un terme aux souffrances de ces êtres humains et, partant, promouvoir l’harmonie sociale, la paix, la stabilité et le développement. Notre détermination politique et nos efforts communs sont les véritables corollaires de l’équation pour atteindre cet objectif, et je tiens à préciser qu’il s’agit ici d’un problème d’ordre international qui transcende les frontières des Etats voire des continents, et dont le règlement implique une réelle solidarité de la part de la communauté internationale et appelle une coordination avec les gouvernements souverains concernés. Partant de ce constat, nous considérons cette Conférence ministérielle comme une chance historique pour mettre en lumière le problème des réfugiés dans le monde musulman, mobiliser les efforts pour y remédier et identifier les moyens permettant de dynamiser ces efforts. De telles approches collectives et coordonnées permettront sans nul doute de trouver des solutions efficaces en vue de pourvoir aux besoins humanitaires et de s’attaquer aux causes profondes du mal, à la faveur d’accords durables et à long terme qui aillent dans le sens de l’intérêt de tous. Excellences, Mesdames et messieurs, Il est indéniable que les problèmes des réfugiés ne se limitent pas au monde musulman et que toutes les régions, toutes les cultures et toutes les religions s’y trouvent confrontées. Les efforts que nous déployons à l’OCI ne visent nullement à dramatiser outre mesure ce problème dans notre propre aire géographique, mais consistent essentiellement à le présenter dans ses véritables dimensions. Nous sommes conscients de vivre au sein d’une communauté qui est loin d’être parfaite et que la coexistence des Etats et des communautés passe par l’interaction des différentes cultures dans un environnement multiculturaliste. De plus, la situation de réfugié continue de pâtir de l’intolérance, de la xénophobie, de l’injustice, du déni des droits fondamentaux, de conflits liés aux ressources locales ou transfrontalières et des ingérences étrangères. Par conséquent, nous nous attendons à ce que les causes profondes soient consciemment, objectivement et systématiquement éradiquées. Des normes devraient toutefois être fixées sur des bases objectives, pour la résolution de ces problèmes et je puis vous assurer que l’ensemble des Etats membres de l’OCI ont consenti, de manière spontanée et délibérée, des efforts louables pour prêter leur assistance aux réfugiés et aux déplacés. Nous continuerons de déployer des efforts conséquents au sein de l’OCI et nous nous attacherons à maintenir la coordination, dans la mesure du possible, avec l’UNHCR et toutes les organisations humanitaires vouées à cette grande cause humanitaire. Excellences, Mesdames et messieurs, En nous penchant sur la situation des réfugiés dans le monde musulman, nous ne saurons omettre de mettre en évidence l’état critique et l’injustice dont les réfugiés palestiniens continuent de souffrir. Leur situation, qui est l’une des plus longues dans le monde, dès lors qu’elle perdure depuis la fin des années quarante, demeure irrésolue et leurs droits continuent d’être usurpés, en l’absence d’un règlement politique sur la base des résolutions onusiennes et de l’initiative arabe, qui soit propre à garantir leurs droits légitimes. En fait, il ne s’agit pas d’un simple problème humanitaire de réfugiés, mais plutôt d’un véritable imbroglio politique qui devrait être traité en tant que tel. Les Etats membres de l’OCI continuent à cet égard de déployer tous les efforts possibles en vue de parvenir à une paix juste et durable au Moyen-Orient. Excellences, Honorables délégués, Mesdames et messieurs, J’aimerais rappeler à tous que cette Conférence constitue un jalon lumineux et un événement marquant dans notre quête pour trouver des solutions aux véritables problèmes humanitaires. Dans cet objectif, nous réitérons notre engagement à instaurer un partenariat stratégique avec l’UNHCR et nous nous attacherons à identifier les moyens permettant d’établir une coopération appropriée et effective avec cet organisme et avec les autres organisations afin d’atteindre nos nobles objectifs humanitaires. Pour cette raison, nous attendons impatiemment de voir les documents issus de cette Conférence et qui nous permettrons de baliser la voie à suivre. Pour terminer, permettez-moi de saisir cette opportunité pour réaffirmer que la Charte de l’OCI et les principes qui sont les nôtres nous habilitent à demeurer une force agissante qui parle le langage de la sagesse, de la paix et du dialogue fructueux, dans un monde confronté à de constants défis économiques, politiques et sociaux. En effet, nul ne saurait contester le fait que les réfugiés figurent parmi les populations les plus vulnérables et qu’ils méritent effectivement de bénéficier de toute notre sollicitude. Il ne s’agit pas d’une prise de position conjoncturelle, mais plutôt d’un engagement qui s’insère dans le droit-fil de notre détermination politique et traduit notre volonté de trouver des solutions durables, dans un esprit de partage des charges qui en découlent au plan international. En résumé, faisons en sorte que les défis liés aux réfugiés se transforment en autant d’opportunités d’action. J’espère que vos délibérations seront fructueuses, substantielles et, surtout, qu’elles déboucheront sur des résultats probants. Merci de votre attention.