Date: 18/12/2011
Alger - Republique Algerienne Democratique Et Populaire (18 Et 19 Decembre 2011) Bismillahi arrahmani arrahim Wassalat wassalam ala achraf al Moursalin J’ai l’honneur de vous transmettre les salutations de S.E. le Prof. Ekmeleddin Ihsanoglu, Secrétaire général de l’Organisation de coopération islamique, qui aurait aimé être parmi nous aujourd’hui à l’occasion de cette conférence, mais en a été empêché en raison d’engagements officiels préalables ; c’est pourquoi il m’a chargé de donner lecture de son allocution par laquelle il s’adresse à votre auguste assemblée. Excellence Madame Khalida Toumi, Ministre de la Culture de la République Algérienne démocratique et Populaire ; S.E. Dr. Abdelaziz ben Othman Al-Tuejeri, Directeur général de l’Organisation islamique de l’éducation, des sciences et de la culture (ISESCO) ; Excellences Messieurs les Ministres, Excellences Mesdames, les ambassadeurs, Honorables participants Assalamou alaykoum wa rahmatoullahi wa barakatouhou C’est pour moi un réel plaisir de m’adresser aujourd’hui à la 7ème session de la conférence islamique des ministres de la Culture. Je voudrais tout d’abord exprimer toute ma considération à S.E. le Président Abdelaziz Bouteflika, Président de la République Algérienne démocratique et Populaire, ainsi qu’à son gouvernement et au peuple algérien. J’adresse également mes remerciements à S.E. Madame Khalida Toumi, Ministre de la culture, et je la félicite pour l’accueil par l’Algérie de cette 7ème conférence islamique des ministres de la Culture ainsi que pour le choix porté sur la ville de Tlemcen comme capitale de la culture islamique pour l’année 2011. Ce choix - en plus du fait qu’il confirme la célébrité de cette grande métropole - met également en relief la richesse et l’originalité du patrimoine islamique dont regorge l’Algérie, ainsi que de la créativité de son peuple. Il témoigne de l’intérêt que portent les autorités, l’ensemble des intellectuels et toutes les composantes de la société à la culture, aux arts, à la créativité, à la préservation du patrimoine, à son enrichissement et à son développement à travers le mariage harmonieux de l’authenticité et de la modernité. L’évènement « Tlemcen, capitale de la culture islamique » a donné la mesure de l’effervescence culturelle de ce pays et de sa capacité à organiser ce genre de manifestations culturelles de grande ampleur. Nos remerciements vont également à son Excellence Dr. Abdelaziz Ben Othmane Al-Twajiri, directeur général de l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO), pour l’excellente préparation de cette conférence en coordination avec le Secrétariat général de l’Organisation de Coopération islamique. J’implore le Tout-Puissant de couronner nos travaux de succès et de nous guider pour prendre des décisions idoines à même de promouvoir la culture, les arts et la créativité dans le monde musulman. Excellence Madame la présidente de la conférence ; Excellence monsieur le Directeur général ; Excellences, Mesdames et Messieurs, Aujourd’hui et au moment où nous nous réunissons pour discuter des questions culturelles qui interpellent de notre Oummah islamique, on ne peut ne pas se rappeler l’occupation par Israël des territoires palestiniens, ni ses tentatives récurrentes d’en occulter l’identité islamique, de mettre main basse sur le patrimoine national palestinien, ni les menaces incessants que font peser sur l’identité culturelle du peuple palestinien les fouilles sous la Mosquée bénie d’al-Aqsa et les agressions outrageantes contre les sanctuaires, y compris la profanation des mosquées et l’autodafé du noble Coran ; en violation flagrante du droit international. En tant qu’Organisation de coopération islamique, nous réaffirmons la centralité de la question d’al-Qods al-Charif pour la Oummah islamique et la nécessité de préserver le caractère islamique de cette ville, de protéger l’inviolabilité des lieux saints islamiques et chrétiens. Nous condamnons la poursuite des politiques et pratiques israéliennes illicites qui ont nom : bannissement, retrait des pièces d’identité, destruction des maisons, construction du mur raciste de séparation, judaïsation des sites historiques, profanation des sanctuaires dont les fondations sont délibérément exposées au danger d’écroulement, à l’intérieur des territoires palestiniens occupés dont la ville d’al-Qods Est. Nous réaffirmons également l’illégalité de ces mesures israéliennes à al-Qods al-charif qui visent à annexer cette ville, à la judaïser, à modifier sa composition démographique et géographique et à la couper de son environnement palestinien. Nous mettons en garde contre le danger que constituent les fouilles sous la mosquée al-Aqsa. A cet égard, nous demandons à la communauté internationale - et notamment à l’UNESCO - de prendre ses responsabilités et d’obliger Israël à respecter le droit international et à mettre un terme à ces pratiques illégales et illégitimes vis-à-vis de la ville d’al-Qods occupée. Nous condamnons également la démarche d’Israël visant à changer la toponymie des zones sous son occupation. Nous demandons au monde de ne pas se soumettre aux tentatives israéliennes visant à falsifier la réalité géographique et démographique des zones occupées ; ce qui constitue une violation criante du droit international. La poursuite par Israël de la construction d’implantations de colonisation au mépris de la volonté de la communauté internationale montre encore une fois - et sans équivoque - son entêtement et sa persistance à laisser passer toutes les chances de paix et à saper la solution de deux-Etats. Je saisis cette occasion pour dire ma satisfaction de l’adhésion de l’Etat de Palestine -en qualité de membre à part entière - à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, les sciences et la culture (l’UNESCO) ; c’est là un acquis historique et un prélude à l’accession – en qualité de membre à part entière - à l’Organisation des Nations unies. Tout en félicitant l’autorité nationale palestinienne et le peuple palestinien pour ces importantes avancées, je réaffirme qu’à l’Organisation de coopération islamique nous poursuivrons notre soutien aux efforts palestiniens jusqu’à ce que les démarches de ce pays pour devenir membre à part entière des Nations unies aboutissent et jusqu’à ce que son Etat indépendant - ayant pour capitale al-Qods al-Charif - voie le jour. J’exhorte à cet égard les Etats membres à renforcer leurs contributions à l’UNESCO pour compenser le déficit consécutif à la suspension par certains Etats de leurs contributions suite à l’adhésion de l’Etat de Palestine à cette organisation. Excellences ; Mesdames et Messieurs ; Les différents thèmes à l’ordre du jour de cette session confirment sans doute la multiplicité de nos intérêts et la diversité de nos objectifs dans le domaine culturel. Il y a lieu de noter à cet égard que la culture jouit désormais d’un intérêt grandissant dans les politiques nationales des Etats islamiques et j’en veux pour preuve l’augmentation des subsides alloués à ce secteur, le grand nombre d’évènements et de festivals organisés pour plusieurs activités culturelles ; ainsi que l’émergence d’un secteur autonome des industries culturelles, sans parler de l’intérêt croissant pour les patrimoines matériel et immatériel et les efforts fournis pour sauvegarder lesdits patrimoines et les faire connaître. Désormais, la culture fait l’objet d’attention dans tous les pays - sans aucune exception. En effet, l’un des avantages de la mondialisation est d’avoir fait de la culture un secteur stratégique, en dépit des idées reçues, il a émergé une conscience collective de la nécessité pour la mondialisation de ne pas faire prédominer une idéologie ou une culture donnée. Le pluralisme et la diversité constituent une chance pour l’ouverture des civilisations et des cultures les unes aux autres dans un dialogue interactif à même d’enrichir la civilisation et la culture humaines. Il ne fait aucun doute que la culture islamique, avec le noble message qu’elle véhicule et son riche patrimoine humain, mérite une place de choix parmi les autres cultures. Etant donné la diversité des langues dans le monde musulman et la nécessité de s’adresser à l’autre dans les langues qu’il comprend, il convient d’intensifier le mouvement de traduction qui demeure le canal essentiel pour le dialogue et l’interaction utile avec les civilisations et les cultures dans un mouvement d’échange - du donner et recevoir. Il est par ailleurs utile de développer la diplomatie culturelle à travers la réalisation de manifestations culturelles comme les festivals et les semaines culturelles dans les pays frères et amis de façon à contribuer à jeter des passerelles pour le rapprochement et l’entente entre les peuples. Il y a lieu également d’interagir avec les technologies avancées de l’information et de la communication et de les mettre au service de la culture islamique. Excellence Madame la présidente, Excellences Mesdames et Messieurs, L’un des plus grands défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui est le phénomène de l’islamophobie qui va grandissant et qui s’est développé à partir de comportements individuels pour se transformer en action politique systématique utilisée par certains hommes politiques dans le but de gagner des partisans. Ce phénomène a vite pris des « formes juridiques » et constitutionnelles dans certains Etats européens, comme le montre la question de l’interdiction du hijab et de la construction de minarets dans certains pays. Le problème a ensuite empiré avec les campagnes incitant à la haine et à la diffamation comme celle menée par un prêtre aux Etats-Unis, qui a essayé de mettre le feu au noble coran, sans parler de l’atteinte aux symboles sacrés, notamment la diffusion des caricatures diffamatoires du prophète Mohamed (Paix et salut sur Lui) et dont la dernière en date est celle publiée par un magazine français et que nous considérons comme un acte ignoble et une profanation d’un symbole sacré islamique. De plus, ces actes innommables constituent une violation flagrante et un abus de l’usage de la liberté d’expression. Nous affirmons ici qu’il conviendrait de ne pas salir le droit à la liberté d’expression par un usage abusif et par l’incitation à la haine et à une mauvaise interprétation du droit ; la pratique de cette liberté devant se faire avec responsabilité et conformément à la loi. Ce phénomène nous préoccupe profondément et pour lui faire face, nous avons besoin de conjuguer tous nos efforts et de nous mobiliser dans les domaines de la culture, de l’éducation et de l’information, en plus de la diplomatie bilatérale et multilatérale. A l’Organisation de coopération islamique, nous déployons des efforts continus pour surveiller ce phénomène et nous prenons les mesures nécessaires à son égard, le considérant comme une incitation à la haine et à la discrimination contre les musulmans. L’OCI a abrité dans ce cadre une réunion présidée conjointement par la secrétaire d’Etat américaine et par moi-même pour donner un coup de pouce à la mise en œuvre de la résolution 16/18 du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur « la lutte contre l’extrémisme, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation, la discrimination, l’incitation à la violence et son exercice contre les personnes en raison de leur religion ou de leur conviction ». Nous avons réaffirmé notre engagement à œuvrer avec les pays concernés et tous les autres acteurs pour suivre et mettre en œuvre la résolution en question ainsi qu’à mener davantage d’activités pour discuter de la mise en œuvre de cette résolution et l’évaluer. L’Organisation de coopération islamique fournit des efforts et mène de multiples activités pour diffuser la culture islamique, mettre en relief la vraie image de l’Islam par le biais d’activités, du dialogue entre les cultures, les civilisations et les religions ; ainsi que par l’ancrage de la culture du dialogue dans ses relations avec les institutions arabes, par la tenue et l’organisation de séminaires et de conférences ; ainsi qu’à travers une contribution effective à l’Alliance des civilisations au sein de l’ONU. Pour construire des ponts et jeter des passerelles avec les autres peuples, civilisations et cultures avec lesquels nous partageons les mêmes valeurs humaines, nous avons - à l’OCI - salué les initiatives heureuses de lancement du dialogue des civilisations, des cultures et des adeptes des religions ; nous nous sommes impliqués avec efficacité dans cette initiative du dialogue des civilisations. L’initiative du serviteur des deux Saintes Mosquées, le Roi Abdallah Bin Abdelaziz, pour le dialogue entre les adeptes des différentes religions et civilisations demeure excellente à cet égard, vu la personnalité exceptionnelle de son auteur et vu les principes essentiels contenus dans cette initiative pionnière, sa référence islamique et ses nobles objectifs. Tout en exprimant ma satisfaction de voir le sujet « L’initiative du Serviteur des deux saintes mosquées pour le dialogue entre les religions et les cultures : réalisations et perspectives d’avenir » faire partie des points à l’ordre du jour, je suis tout à fait convaincu du soutien de tous à cette louable initiative. Je salue également la création du Centre du Roi Abdallah Bin Abdelaziz pour le dialogue entre les adeptes des religions et des cultures créé dans la capitale autrichienne – Vienne –, auquel je souhaite le plein succès dans l’accomplissement de la mission qui lui a été assignée. Excellences, Mesdames et Messieurs, Au regard des immenses défis dans le domaine de la culture, de la science et de l’éducation auxquels fait face le monde musulman, permettez-moi de saluer les efforts que déploie l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO). Je me félicite également de la coopération qui existe entre les organes islamiques spécialisés dans ce domaine. Je cite particulièrement l’Organisation islamique pour l’Education, les sciences et la culture (ISESCO) et le Centre pour les recherches en histoire, en art et en culture islamiques(IRCICA), sis à Istanbul. J’appelle à l’intensification et au développement de cette coopération, car je suis tout à fait convaincu que la collaboration entre les institutions aidera à relever les défis auxquels nous faisons face dans ce domaine. En conclusion, je réitère mes remerciements et ma reconnaissance à la République algérienne démocratique et populaire, à son président, à son gouvernement et à son peuple pour l’hospitalité dont ils ont fait montre en accueillant cette conférence tout en souhaitant que nos travaux soient couronnés de succès au service de la Oummah islamique, de sa culture, de la sauvegarde du patrimoine et de la défense de ses sanctuaires. Dieu est garant du succès Paix et miséricorde d’Allah sur vous !