Organisation de la Coopération Islamique
La Voix Collective du Monde Musulman

Intervention Du Secretaire General De L’OCI Sur « La Lutte Contre L’intolerance Et La Discrimination A L’egard Des Musulmans Dans Le Discours Public »

Date: 31/10/2011

J’aimerais tout d’abord remercier l’OSCE et l’ODHIR pour l’aimable invitation qu’ils m’ont adressée afin de participer à cette importance réunion. En raison de certains engagements antérieurs, je voudrais exprimer d’ici mon sincère regret de n’avoir pu être en mesure d’assister personnellement à cette rencontre. C’est pourquoi j’ai décidé d’adresser ce message à cette auguste assemblée. A l’OCI, nous sommes intéressés par la poursuite de la coopération actuelle sur les grands dossiers internationaux, y compris la question de l’intolérance et de la discrimination à l’égard des musulmans. L’OCI a toujours coopéré intensivement avec l’OSCE et l’ODHIR sur la question de la lutte contre l’intolérance et la discrimination basée sur les convictions religieuses. Il est important de continuer sur cette lancée pour renforcer la coopération existante à travers une interaction et des consultations plus poussées. L’intolérance latente à l’égard de l’islam et des musulmans a toujours existé en Occident sous une forme ou sur une autre pour diverses raisons historiques. Mais ce phénomène est revenu à la surface au cours de ces dernières années et les agissements de certains éléments anti islam cherchant à diaboliser l’islam et ciblant les musulmans ont entrainé une recrudescence de l’intolérance et de la discrimination. En dépit du fait que le monde musulman ait clairement condamné les attentats terroristes du 11 septembre, en dépit également du fait qu’il ait rejeté tout aussi catégoriquement le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et que les Etats musulmans aient payé un lourd tribut pour leur prise de position ferme et résolue contre la terreur, cette réaction salutaire n’a pas bénéficié de la reconnaissance adéquate dans le monde occidental. Pis encore, les éléments anti islam et antimusulmans ont pu tranquillement continuer leur petit bonhomme de chemin et poursuivre leur agenda de haine en déformant l’image de l’islam et en victimisant les musulmans. La campagne anti islam ou « islamophobie » a continué ainsi de plus belle avec la publication récurrente de matériaux insultants, dont les fameuses caricatures raillant les symboles sacrés des musulmans au nom de la liberté d’expression. De plus, les médias électroniques et les réseaux sociaux ont servi d’outils commodes pour donner une dimension universelle à la campagne de haine et provoquer des réactions de colère parmi les musulmans. Pour contrer et combattre l’islamophobie, l’OCI a adopté une stratégie multiforme qui permet de s’attaquer au problème de front à savoir : (1) la création d’un observatoire au secrétariat général à Djeddah pour suivre les incidents islamophobes au quotidien et produire des rapports mensuels et annuels qui sont postés sur le site de l’OCI ; (2) s’engager avec la communauté internationale pour accentuer la prise de conscience mondiale des graves dangers posés par l’islamophobie à la paix et à la sécurité dans le monde ; (3) projeter l’image correcte de l’islam en tant que religion de modération, de compassion et de tolérance ; (4) promouvoir et renforcer le dialogue entre les civilisations sur la base du respect mutuel ; (5) mettre en valeur la richesse de la culture islamique qui a grandement contribué à la civilisation moderne et (6) sensibiliser les médias à leur responsabilité pour lutter contre l’incitation à la haine religieuse. L’OCI a pris l’initiative de s’engager avec les principaux acteurs dans les pays occidentaux, y compris les dirigeants politiques, les milieux académiques, les médias, les activistes de la société civile et les organisations professionnelles et internationales aussi bien bilatéralement que dans les forums élargis. Nous avons été ainsi en mesure d’exprimer clairement nos préoccupations et nous n’avons rencontré aucune objection quant à souligner la gravité du phénomène de l’islamophobie. Cependant, la situation à la base est encore loin de refléter l’optimisme de ceux qui rêvent d’extirper l’islamophobie et d’éliminer les tirades anti islam à la racine. Notre engagement dynamique avec les protagonistes occidentaux, dont l’UE, le Conseil de l’Europe, et l’OSCE ainsi que notre participation aux conférences telles que celle-ci, ainsi qu’au forum Etats-Unis/ monde musulman du 12 avril 2011 à Washington, témoignent de notre détermination à lutter contre le problème de l’intolérance et de la discrimination à l’égard des musulmans par la voie du dialogue et de l’engagement constructif. L’institutionnalisation de l’islamophobie a été révélée au grand jour avec l’amendement de la constitution helvétique qui a légalement interdit la construction de minarets dans les mosquées. L’impact de l’amendement suisse a coïncidé partout en Europe avec une multiplication des attaques haineuses visant les mosquées et avec une montée générale de l’hostilité à l’encontre des populations d’immigrants musulmans et des musulmans autochtones partout en Europe. Les éléments d’extrême droite ont ainsi réussi à établir une image négative des musulmans en tant que « menace » contre la civilisation occidentale, ce qui a conduit certains gouvernements européens à édicter des restrictions et à bannir certains traits culturels musulmans comme le port du voile par les femmes musulmanes ,et poussé certains dirigeants à se lancer dans de violentes diatribes contre le multiculturalisme. L’étendue de ces attaques islamophobes ciblant les citoyens ordinaires pour leur inculquer la haine de l’islam et des musulmans s’est manifestée à travers le récent et abominable massacre commis en Norvège par un homme seul qui était consumé par sa haine des musulmans et motivé par la campagne anti islam. L’infâme autodafé du Coran par un obscur pasteur de Floride appelé Terry Johns, ainsi que les actions subséquentes qui s’en suivirent, l’audition par le congrès du président de la commission de la chambre des représentants sur la sécurité nationale à propos de la « radicalisation des musulmans américains », le 11 mars 2011 à Washington et sa déclaration à savoir que « nous, américains sommes assiégés par le terrorisme musulman » le tout couplé avec d’autres évènements anti musulman, sont des signes évidents qui montrent que l’islamophobie est en train de gagner du terrain aux Etats-Unis, qui est pourtant un pays ayant une longue expérience de la diversité culturelle et religieuse. L’intolérance vis-à-vis de la diversité culturelle et les actes d’incitation reflétés dans les discours haineux, les publications provocantes et les discriminations ciblant une foi particulière sont trop fréquents pour échapper à l’attension d’importantes institutions européennes et acteurs, dont l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. J’ai toujours dit et répété que l’islam faisait partie intégrante des religions abrahamiques et que les dénominateurs communs entre l’islam, le christianisme et le judaïsme sont bien plus nombreux que les divergences. L’adhésion de l’OCI à la charte de NU, à la déclaration universelle des droits de l’homme et aux autres conventions onusiennes comme le covenant international des droits civils et politiques, soulignent notre attachement aux droits humains et aux autres libertés fondamentales, y compris le droit à la liberté d’opinion et d’expression. Dans le même temps, l’OCI n’a cessé d’insister sur l’urgence et l’importance de fixer des limites à cette liberté à la lumière de l’article 19 (3) et de l’article 20 de l’ICCPR en vue de lutter contre l’incitation à la violence ou la haine non seulement contre l’islam mais aussi contre toute les autres convictions et croyances. La position de l’OCI est que l’attachement à la liberté d’expression ne peut pas et ne doit pas servir de prétexte pour inciter à la haine et à l’intolérance religieuse. L’initiative de l’OCI, lancée de pair avec les gouvernements européens et avec le Etats Unis pour rédiger le projet de résolution du conseil des droits de l ‘homme n° 16/18 intitulé « lutte contre l’intolérance, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation, la discrimination, l’incitation à la violence et la violence à l’encontre des individus en raison de leur religion ou de leurs convictions » ainsi que son adoption à l’unanimité le 21 mars 2011, est venu briser le mythe qui veut faire accroire qu’une convergence de vues autour de la question de l’intolérance était impossible. Dans mon discours à la 15ème session du Conseil des droits de l’homme en 2009 à Genève, j’avais esquissé une nouvelle approche visant à promouvoir un consensus contre l’incitation à la violence et l’intolérance religieuse qui hypothèquent la coexistence pacifique et sont absolument contraires à la véritable notion d’un monde globalisé. Les 8 points de l’approche proposée ont été bien accueillis par tous les partenaires de la négociation et ont constitué la base du consensus reflété par la résolution 16/18 du CDH. L’OCI croit qu’en poursuivant dans le même esprit tout en mettant en œuvre des initiatives consensuelles, comme la fameuse résolution 16/18, permettrait de remédier efficacement à l’islamophobie, la Christianophobie, la judéophobie, et les autres facettes du phénomène de la haine et de la violence religieuse, phénomène qui continue à menacer le tissu multiculturel des sociétés, à saper les efforts de paix, de sécurité et de stabilité dans le monde, qui sont nécessairement sous tendus par l’harmonie inter confessionnelle. La réunion ministérielle d’Istanbul du 15 juillet 2015, qui avait été coprésidée par la secrétaire d’Etat américain Hillary Clinton et moi-même et qui avait groupé les ministres des Affaires étrangères de nombreux Etats membres de l’OCI et de plusieurs pays occidentaux, représentants gouvernementaux ainsi que le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères la baronne Catherine Ashton, avait permis ainsi de jeter les bases du processus de mise en œuvre de la résolution 16/18 pour combattre l’intolérance religieuse. Je crois fermement que la communauté internationale se doit de saisir cette opportunité pour éradiquer totalement le fléau de l’intolérance religieuse. J’ai souligné la nécessité et l’urgence de forger une nouvelle relation faite d’entente et d’harmonie entre l’Occident et le monde musulman à travers le respect de la diversité culturelle. L’OCI a été conséquente avec elle-même en insistant sur l’importance du dialogue culturel et interreligieux pour promouvoir la paix et la stabilité dans le monde, favoriser une réconciliation historique entre l’Islam et l’occident en vue d’enrayer la montée de l’islamophobie en particulier et de manière plus générale l’intolérance, l’incitation à la haine et la violence motivée par le ressentiment religieux. L’appel lancé au cours de la décennie écoulée a induit une multitude d’accords événementiels reflétant les déclarations de bonnes intentions. Cependant, il pourrait être important d’aller au delà de cette étape pour traduire les mots en actes, en développant sur une base consensuelle une solution normative permettant de parer à la menace posée à la coexistence pacifique. Dans le cadre de la stratégie de lutte contre l’islamophobie et les tendances anti islam et anti musulmans dans les esprits des occidentaux et dans les médias en particulier, j’aimerais me référer aux recommandations formulées dans le dernier rapport de l’observatoire de l’islamophobie à l’OCI, le quatrième du genre qui a été publié pendant la session du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’OCI en juin dernier à Astana, au Kazakhstan : a- promouvoir et élargir la connaissance et la compréhension de l’islam parmi les sociétés non musulmanes, sachant que l’ignorance, la méconnaissance et la désinformation délibérée ont contribué pour beaucoup à répondre parmi les différentes couches de l’opinion publique en occident et dans les pays non musulmans les préjugés qui ont actuellement cours à propos de l’Islam, b- améliorer la dissémination de l’information sur les pays musulmans en tant que principale victime des manifestations contemporaines de terrorisme et d’extrémisme par comparaison avec d’autres régions du globe. L’absence d’une telle dissémination et de la couverture du ferme rejet du terrorisme et de l’extrémisme par les musulmans ont en effet contribué pour beaucoup à la montée de l’islamophobie, c- remédier aux préjugés véhiculés par les médias au sujet de l’islam à travers des programmes et des projets de sensibilisation médiatique en tant que premier pas vers une action concertée et vers l’instauration de la confiance entre le monde musulman et de l’occident, d- garantir une mise en œuvre prompte et efficace de la nouvelle approche matérialisée par l’adoption consensuelle de la résolution 16/18 dans l’esprit et la lettre, e- s’engager à surmonter les divergences de vues concernant les limites du droit à la liberté d’opinion et d’expression dans le contexte d’un cadre multilatéral structuré, qui permettrait de faire l’interface entre les articles 19(3) et 20 de l’ICCPR sur la base des approches émergentes comme l’application du « test de conséquences », f- inverser effectivement l’exacerbation des sentiments anti musulmans consécutive au 11 septembre, qui ont intensifié les stéréotypes et les généralisations à propos des musulmans ainsi que la tendance actuelle à vouloir infliger des sanctions collectives à tous les musulmans à travers la fréquence des assertions de la part de l’élite politique et religieuse internationales à savoir que le monde musulman ne doit pas être condamné ni associé aux actes et aux agissements d’une poignée de marginaux et d’égarés, g- s’engager avec l’occident en vue de construire une volonté et un engagement politique permettant de lancer une action sérieuse et de tenir un discours orienté sur la quête des résultats concrets pour favoriser la réconciliation entre les religions, les cultures et les civilisations. L’OCI a réitéré à cet égard sa disponibilité en tant que partenaire crédible pour participer à cette entreprise et elle entend encourager la société civile dans les Etats membres à s’y joindre, h- prendre contact avec les autres organisations internationales afin de bénéficier des mécanismes existants de lutte contre l’intolérance religieuse, dont les organes du traité des Nations unies. Cette approche vise à la fois à tenir tous les partenaires concernés pleinement informés des nouvelles formes et manifestations de l’islamophobie en mettant à leur disposition des preuves matérielles claires et à mettre en exergue les cas emblématiques tout en renforçant la coopération et en créant des synergies pour conjuguer les efforts sur la prise en charge de tous ces dossiers, i- encourager les membres de la communauté musulmane vivant parmi la société occidentale à suivre et à contrer les incidents anti islam et anti musulmans au niveau de leurs communautés respectives tout en faisant preuve de retenue et en participant davantage à la vie politique et sociale locale. L’OCI croit que la montée de l’islamophobie pourrait être enrayée à travers la volonté collective et la détermination commune à lutter contre toutes les phobies religieuses en mettant à profit les mécanismes d’instauration de la confiance entre les peuples professant des fois et des convictions différentes et en développant une culture de la tolérance et du respect de la diversité. Je vous remercie de votre attention.

Autre Presse

No press releases assigned to this case yet.

Le Secrétariat Général tient une visioconférence avec les recteurs des Universités de l’OCI pour examiner l’impact de la pandémie du COVID-19


Le Fonds de solidarité islamique de l'Organisation de la coopération islamique accorde au premier groupe des PMA, une subvention financière urgente pour faire face à la crise de Covid-19


Al-Othaimeen: les agences de presse des pays membres de l’OCI réfutent les fausses nouvelles sur la pandémie de coronavirus


En continuation des efforts de l'OCI face à la pandémie du nouveau Coronavirus, le Fonds de solidarité islamique engage des procédures pour l'octroi d'une subvention financière urgente aux pays membres les moins avancés


Communique Final de la Réunion Extraordinaire par Visioconférence du Comité Exécutif de l’OCI tenue au Niveau des Ministres des Affaires Etrangères sur les Incidences du Nouveau Coronavirus (covid-19) et la Riposte Collective a cette Pandémie


Les ministres des Affaires étrangères membres du Comité exécutif : le renforcement des procédures nationales des Etats de l’OCI pour atténuer les conséquences de l’épidémie du coronavirus


L'OCI refuse le ciblage des musulmans par certains milieux en Inde à la lumière de la crise de la pandémie de Coronavirus


Al-Othaimeen appelle à l’observance des principes de l’éthique applicable en matière de protection contre les fléaux et d’auto-immunisation pour lutter contre la pandémie du coronavirus


Al-Othaimeen s’adresse à la Conférence internationale de l’Académie internationale du Fiqh islamique sur les dispositions relatives à la propagation de la pandémie du coronavirus


DECLARATION ISSUE DE LA RÉUNION EXTRAORDINAIRE DU COMITÉ DE PILOTAGE DE L’OCI SUR LA SANTÉ CONCERNANT LA PANDÉMIE DU COVID-19


Al-Othaimeen convoque une réunion virtuelle d’urgence sur le nouveau coronavirus pour une action collective face à la pandémie


L’OCI ne ménage aucun effort aux fins une d’une coopération réussie dans la lutte contre la pandémie du Coronavirus