Date: 18/05/2010
Douchanbe, République du Tadjikistan
Honorables Ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
J'ai l'insigne honneur et le privilège de vous accueillir et de vous souhaiter la bienvenue à l'occasion de la cérémonie inaugurale de cette importante 37ème session du Conseil des Ministres des Affaires étrangères de l'OCI, qui tient ses assises dans cette belle ville de Douchanbé, capitale de la République du Tadjikistan.
Je voudrais profiter de cette opportunité que m'offre le déroulement de cette conférence à Douchanbé pour saluer le peuple du Tadjikistan. Mes remerciements et ma gratitude s'adressent également à S.E. Emomali Rahman, l'honorable Président de ce grand pays, pour avoir accepté de placer cette importante conférence sous son haut patronage de même que pour les immenses efforts que lui même et son Gouvernement ont déployés afin de garantir le bon déroulement et le succès des délibérations de cette réunion ministérielle.
J'aimerais également exprimer nos remerciements et notre gratitude à la République arabe syrienne, et à l’endroit de son peuple et de son Gouvernement, pour les efforts constructifs et dévoués qu'ils avaient investis dans l'organisation de la 36ème session du CMAE. Nous apprécions également à leur juste valeur les efforts déployés par la Syrie pour superviser les activités et présider les réunions successives, tout autant que sa contribution positive au renforcement de l'action islamique commune au cours de l'année écoulée.
Honorables Ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Qu'il me soit permis tout d'abord, et étant donné que le Secrétariat général de l'OCI a emménagé dans un nouvel édifice mis à notre disposition grâce à un geste généreux du Serviteur des deux saintes Mosquées, Sa Majesté le Roi Abdallah Bin Abdelaziz Al-Saoud, d'exprimer en votre nom à tous nos sincères remerciements, nos hommages et notre gratitude à Sa Majesté et au Gouvernement saoudien. Le nouvel édifice nous permet effectivement de travailler dans une ambiance plus confortable et une atmosphère beaucoup plus favorable. De plus, ce noble geste a été suivi d’un don encore plus généreux de la part de Sa Majesté et qui consiste à construire un nouveau siège aussi beau que fonctionnel pour l'Organisation. Les travaux de construction de ce superbe édifice vont bon train. J'aimerais dans ce contexte renouveler au Serviteur des deux saintes Mosquées, et en votre nom à tous, l'expression de notre reconnaissance et de notre gratitude sincère.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais partager avec vous les sentiments de tristesse et de chagrin que j’éprouve à la suite de la disparition du Président nigérian Umaru Musa YARADUA, décédé le 5 mai 2010 des suites d'une longue maladie. En ces pénibles circonstances, j'aimerais au nom de tous les Etats membres adresser au peuple et au Gouvernement nigérians et à la famille éplorée du Président défunt nos condoléances les plus profondes et les plus sincères pour cette terrible perte subie par le Nigeria, la grande famille de l'OCI et l'Afrique tout entière.
Le souvenir de Feu le Président Yaradua restera toujours gravé dans notre mémoire pour sa sagacité et son attachement à approfondir les relations entre l'OCI et le Nigeria de même que pour les signalés services qu'il a rendus à la Oummah. L'illustre disparu avait toujours accordé un grand intérêt à la question de la paix et de la sécurité en Afrique et ailleurs. Il s'était toujours montré déterminé à consolider la démocratie et la bonne gouvernance dans son propre pays comme dans les autres pays membres de l'OCI. Nous nous remémorerons toujours son amitié sincère et sa clairvoyance de grand homme d'Etat. Puisse le Seigneur l'accueillir dans son infinie miséricorde. Je vous invite à présent à vous joindre à moi afin de réciter la Fatiha pour son repos éternel et la paix de son âme.
Honorables Ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
La réunion de Douchanbé revêt une très grande importance du fait que c'est la toute première session du CMAE à se tenir dans l'un des Etats membres de l'OCI appartenant à la région de l'Asie centrale, qui ont rejoint nos rangs au lendemain de leur accession à l'indépendance. Nous leur souhaitons chaleureusement la bienvenue et formons le vœu que les cinq pays frères concernés, eu égard à leur passé glorieux et à leur contribution incommensurable à l'enrichissement de la civilisation islamique, deviendront un élément moteur dans le processus de renforcement de notre organisation et de consolidation de la solidarité islamique.
La chronique de l'histoire de l'Islam porte en elle le témoignage éloquent de l’abondante richesse culturelle et de l'apport jurisprudentiel immense légués à la civilisation islamique par les fils illustres de cette région du monde musulman, qui furent à juste titre les pionniers du savoir authentique et de l'érudition. Ce sont, précisément, cette érudition et ce viatique cognitif unique qui poussèrent jadis l'un des fils les plus renommés et les plus respectés de cette région, Abu Abdullah Jaafar Rodki, plus connu sous le vocable de « Sultan des poètes », a déclamer, vers le milieu du 3ème siècle de l'hégire, le couplet suivant:
"C'est le savoir et l'érudition qui entretiennent la flamme dans les cœurs et c’est grâce à cette illumination que tous les êtres humains sont protégés contre le mal".
Nous nous retrouvons aujourd'hui à Douchanbé à un moment crucial de l'histoire de l'Islam et des musulmans. Les choses étant ce qu’elles sont et alors que nous nous trouvons à la croisée des chemins, nous nous devons de relever une multitude de défis qui prennent pour cible notre identité, notre foi, notre culture, nos intérêts et, plus important encore, notre destinée. Face à cette menace grandissante, je me suis efforcé de puiser au plus profond de moi-même et de mobiliser toutes les énergies et ressources de mes collègues du Secrétariat général pour faire de notre mieux, chacun à son niveau, pour relever ces challenges.
Sur le front purement interne, et au cours des quelques années écoulées, nous avons fait tout le possible pour renforcer la stature de notre Organisation et lui donner plus de visibilité et d'amplitude. La réforme tant attendue de l'OCI est déjà amorcée et commence à prendre racine. Les activités du Secrétariat général ont été améliorées et diversifiées. Des approches innovatrices pour mieux nous aider à remplir notre mission ont été adoptées. Le résultat en est que la performance et le fonctionnement de l'OCI se sont nettement améliorés afin de mieux servir et de mieux plaider les causes et les préoccupations du monde musulman. Du même coup, notre Organisation a vu son statut et son prestige grandir aux yeux du monde entier. Notre voix est désormais mieux écoutée et l’efficacité de notre Organisation grandement renforcée.
Un acquis remarquable a été réalisé lorsque nous avions réussi à consolider et à unifier le mode de vote de nos Etats membres dans les fora internationaux et sur les questions fondamentales qui nous interpellent. Ce faisant, nous avons pu former un bloc de vote puissant fédérant 57 pays différents et faisant de leur assentiment une condition quasiment incontournable pour faire passer les décisions ou les résolutions internationales majeures. Dans ce contexte, j'aimerais saisir cette opportunité pour en appeler à vos excellence afin de demander à vos représentants dans les fora internationaux de garder le cap et de respecter le mode de vote agréé par les réunions officielles de l'OCI ou bien par les groupes de l'OCI à l'étranger.
Honorables Ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Au cours des quelques années écoulées, et dans le but de tenter d'endiguer la montée de l'islamophobie, nous avons établi des contacts directs avec plusieurs membres des ministères des Affaires étrangères des pays occidentaux. Nous avons également approché de nombreux hauts responsables, de même que les ténors des cercles académiques et intellectuels d'Europe et des Etats Unis. Au nombre des personnes contactées, je citerais notamment les Ministres des Affaires étrangères de Suisse, de France, d'Allemagne, du Danemark, d'Espagne, du Royaume Uni, des Etats Unis, de Finlande et des Pays-Bas. Ces démarches ont également touché les officiels de haut rang des organisations internationales compétentes en Occident, dont l'Union Européenne, l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), l'UNESCO, les institutions des droits de l'homme, les centres de recherche et les fora de dialogue entre les civilisations basées en Occident, y compris l'Alliance des civilisations des Nations Unies, avec laquelle nous avons conclu un protocole d'accord.
Dans le cas des Etats Unis, nous avons mis à profit l'élection du Président Obama pour lui adresser une lettre ouverte au premier jour de son mandat. Dans cette lettre, nous lui avons fait part de notre bonne volonté en vue d'inaugurer une ère nouvelle empreinte de compréhension mutuelle et de coopération entre son pays et le monde musulman. Notre appel a trouvé un écho positif, qui s'est manifesté à travers le discours prononcé par le Président Obama à la tribune de l'Université du Caire. Nos contacts avec la partie américaine se sont poursuivis de manière ininterrompue et au niveau le plus élevé. Il m'a été ainsi donné de rencontrer la Secrétaire au Département d'Etat Hillary Clinton au siège de son Département à Washington DC, en compagnie d'une délégation de haut niveau de l'OCI. Des discussions extrêmement fructueuses ont eu lieu à cette occasion et ont permis d'aborder les dossiers liés au monde musulman et aux causes islamiques. La plus grande priorité y a été accordée aux questions de la Palestine, de Jérusalem, de l'Afghanistan, de l'islamophobie etc.
Mme. Clinton nous a rendu visite à son tour au siège de l'OCI à Djeddah et à la tête d'une délégation américaine de haut rang, le 16 février 2010. Une importante entrevue a eu lieu à cette occasion et s'est focalisée sur les dossiers d'intérêt majeur pour le monde musulman. La secrétaire au département d’Etat a également procédé à cette occasion à la présentation de l'envoyé spécial du Président Barak Obama auprès de l'OCI, M. Rashad Hussein.
Ces activités ont été suivies de nombreux contacts avec d'éminentes figures de proue de la société civile, des centres de recherche et des think tanks américaines tant à New York qu'à Washington DC. Parmi eux, la Brookings Institution, l'Institut américain pour la paix à Washington, l'Université de George Town et le club national de la presse aux Etats Unis ainsi qu'un grand nombre de centres similaires. Ces activités ont eu un impact positif indéniable sur les relations entre le monde musulman et les Etats Unis en particulier.
Honorables Ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Nous avons été profondément choqués par la décision d'interdire la construction de minarets en Suisse, à la suite d'un referendum approuvé par le peuple Suisse et qui a acquis par conséquent force de loi. J'ai eu plusieurs entretiens avec le Ministre Suisse des affaires étrangères à ce sujet depuis l'année 2007. Le Gouvernement helvétique a indiqué qu'il était opposé à cette interdiction mais qu'il lui était impossible de passer outre le résultat du referendum. Nous avons perçu cet acte comme un paradigme inquiétant qui ne fait qu'attiser les manifestations d'islamophobie en Europe, du niveau des individus jusqu'à celui de l’arsenal législatif. Il s'agit en l'occurrence d'un préjugé constitutionnalisé et institutionnalisé contre les musulmans et d'une atteinte aux droits et à la liberté de religion des musulmans.
Nous avons appelé à une réunion des représentants permanents de nos Etats membres qui s'est tenue effectivement le 31 janvier. Cette réunion a dénoncé la nouvelle loi Suisse en tant qu'acte de discrimination devant être abrogé. D’autant que cette nouvelle loi a déjà eu des conséquences graves. En fait, la vague de haine a l'encontre de l'Islam et des immigrants musulmans est devenue une sorte de « marchandise politique » et « un atout gagnant » entre les mains des partis politiques qui en ont fait leur fond de commerce électoral. Vu la gravité de la situation, et étant donné que nous préférons regarder résolument vers l'avenir, j'aimerais vous dire que toute avancée réelle dans ce domaine requiert une interaction directe de la part des Etats membres avec les officiels des pays occidentaux. Je voudrais donc vous suggérer de tenir une réunion ministérielle de haut niveau pour adopter un plan islamique d'interaction avec l'Occident sur l'islamophobie, pour défendre nos justes causes et pour endiguer la déferlante de la haine à l'égard de l'Islam. Je vous propose également de faire figurer la question de l'islamophobie dans toutes les interactions des Etats membres avec leurs interlocuteurs occidentaux.
Honorables Ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
La situation en Palestine et dans la ville d'al-Qods al-Sharif va de mal en pis depuis l'arrivée au pouvoir des partis radicaux de droite en Israël. Ces partis se sont donné un agenda clair, qui repose sur la confiscation du maximum de territoires palestiniens occupés, la construction d'implantations sur ces territoires et le parachèvement de la judaïsation complète de la ville sainte d'al-Qods.
La nouvelle situation requiert une position ferme et unie de la part de tous les pays de l’OCI, avant qu’il ne soit tard. A notre niveau, nous avons tenu une réunion ministérielle du Comité exécutif de l’OCI, le 1er novembre 2009, pour examiner cette sérieuse question. Nous avons envoyé une mission conjointe OCI/BID à Al Qods pour s’informer de la situation dans les secteurs tels que l’habitat, l’éducation, la santé et le statut social des palestiniens de Jérusalem Est. Nous avons commencé à financer certains projets prioritaires dans les secteurs vitaux de la ville sainte. En outre, j’ai envoyé des messages d’urgence aux Ministres des pays leader du monde, y compris les membres du quartet, pour attirer leur attention sur la nouvelle situation explosive qui se crée sur le terrain.
Suite à l’agression d’Israël sur la bande de Gaza, nous avons envoyé des caravanes de secours et de matériel médical aux populations de la Bande. Sur le front politique nous avons appelé à une réunion d’urgence de Conseil des droits de l’Homme de l’ONU pour examiner l’agression israélienne. Nous avons réussi à convaincre la Conseil d’envoyer une mission d’information à Gaza conduite par le juge international Goldstein. Nous avons travaillé dure pour que le rapport du juge Goldstein soit adopté par le Conseil et transmis aux Nations Unies comme étape préliminaire à sa transmission au tribunal pénal international.
En Irak, nous avons accueilli favorablement les élections législatives qui se sont déroulées récemment. Nous regrettons que la formation du nouveau gouvernement soit entrée dans un processus interminable de contentieux. Je voudrais lancer un appel aux dirigeants irakiens pour qu’ils coopèrent et unissent leurs forces en vue de former un nouveau gouvernement et d’éviter de création d’un vide politique dans des circonstances aussi critique et aussi instables.
La situation en Somalie reste précaire et périlleuse. Les attaques des groupes rebelles ont fait échoué toutes les tentatives de mettre en terme au conflit civil. Nous avons accueilli au siège de l’OCI, au mois de décembre dernier, la 16ème réunion du Groupe de contact international sur la Somalie. J’appelle tous les Etats membres à apporter tout le soutien matériel et politique possible au plan stratégique 2010 de la Somalie pour la reprise et la reconstruction. Une autre réunion de haut niveau du Groupe de contact international sur la Somalie est prévue à Istanbul au cours de ce mois.
Nous sommes profondément peinés de voir l’Afghanistan s’enfoncer dans l’agonie d’une guerre prolongée qui dure depuis plus de huit ans. J’ai déjà déclaré que l’approche militaire en Afghanistan ne pourra pas mener à une solution durable. La solution, à notre avis, réside dans la recherche d’un règlement global qui prend en compte les dimensions politique, économique, sociale et culturelle sur le terrain. L’Afghanistan a besoin d’un effort islamique commun. Je serais heureux de recevoir des propositions dans ce sens de la part des Etats membres. Je pense que la proposition des Emirats Arabes Unis de designer un envoyé spécial de l’OCI en Afghanistan et de rouvrir le Bureau de l’OCI à Kabul est pertinente et digne d’intérêt. De mon côté, j’ai eu un certain nombre de contacts avec les pays voisins de l’Afghanistan pour la formation d’un Comité régional conjoint qui aura comme tâche d’aider à enclencher un processus susceptible de faciliter les efforts de réconciliation. Cette action pourra baliser le chemin pour parvenir à une solution, promouvoir la paix et favoriser le développement et la reconstruction.
Pour ce qui est du Soudan, nous avons accueilli favorablement et apprécié le progrès réalisée par le processus de paix de Doha au Darfour, dans lequel l’OCI était partie prenante. Nous nous sommes également félicités des élections législatives et présidentielles qui se sont déroulées au Soudan. Notre espoir est que ces élections fassent progresser le Soudan dans la voie de la démocratie. Comme le Soudan s’achemine vers un important referendum l’année prochaine, je voudrais appeler tous les Soudanais à unir sincèrement leurs efforts pour préserver l’unité de leur pays. D’un autre côté, je voudrais signaler que l’OCI et les gouvernements de l’Egypte et de la Turquie ont coorganisé une conférence des donateurs pour le développement et la reconstruction du Darfour. Presque 900 millions de dollars ont été promis à cet effet.
Au Cachemire, l’OCI a constamment exprimé sa préoccupation à propos de l’absence de progrès significatif dans la mise en œuvre de la décision du Conseil de sécurité de l’ONU sur le droit à l’autodétermination du peuple cachemiri. Un nouveau représentant du Secrétaire général de l’OCI au Jammu et Cachemire a été récemment nommé et effectuera une visite sur le terrain dans un futur proche. En ce qui concerne l’Azerbaïdjan, nous soutenons l’intégrité territoriale de ce pays et appelons à une mise en œuvre rapide des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la question.
Honorables ministres,
Excellences,
Le cas des minorités et communautés musulmanes vivant à l’extérieur des Etats membres de l’OCI attirent notre attention et notre intérêt. Dans ce contexte, nous avons mené des larges contacts avec de hauts responsables des pays hôtes et avec des représentants des communautés islamiques à l’extérieur des Etats membres de l’OCI. Parmi les principales activités entreprises dans ce domaine il y a, entre autres, celles concernant les situations au sud des Philippines et de la Thaïlande. Par ailleurs, nous déployons d’importants efforts pour nous occuper des minorités musulmanes en Europe, en Amérique du Nord, dans la région du Caucase et pour la minorité turque du Thrace occidentale, la province autonome de Ouighour et les minorité musulmanes en Bulgarie, au Myanmar etc.
Honorables ministres,
Excellences, Mesdames et Messieurs
Dans le domaine économique, nous avons pu élaborer le cadre nécessaire pour un régime commun des préférences, avec l’entrée en vigueur, le 5 février 2010, du protocole sur le système des tarifs préférentiels (PRETAS). Fort de ce succès, nous avons pu asseoir les fondations nécessaires pour un système économique intégré de l’OCI. Le volume du commerce entre les Etats membres a augmenté allant de 14,5% en 2004, à 16,60% en 2009.
Mon espoir est que la reprise des rounds de négociations commerciales, après l’entrée en vigueur de l’accord additionnel sur les règles d’origine, renforce notre volonté collective de créer un cadre dynamique multilatéral pour une réelle coopération et une meilleure coordination économique entre nos Etats membres. Cela donnera une forme concrète à la vision consistant à créer une économie dynamique orientée vers la croissance dans les Etats membres de l’OCI. La dernière session du COMCEC et le sommet économique qui ont été tenus consécutivement à Istanbul pour commémorer le 25ème anniversaire de la création de ce Comité ont ravivé l’espoir d’atteindre les différents objectifs fixés pour la consolidation de la coopération et de la solidarité au sein des Etats membres. Dans ce contexte, je voudrais saluer les efforts du gouvernement de la Turquie pour l’organisation du sommet du COMCEC, pour son soutien sans réserve et pour avoir facilité les négociations commerciales, qui ont abouti à des résultats tangibles.
La réduction de la pauvreté reste l’un des thèmes de l’agenda de la coopération économique de l’OCI. Les différents programmes de réduction de la pauvreté ont continué de prendre en compte la situation des groupes pauvres et vulnérables de nos pays. Je voudrais également mentionner les efforts en cours pour la mise en œuvre du projet de chemin de fer Dakar-Port Soudan qui demeure l’une de nos projets phares. La réunion ministérielle des 13 pays participants au projet, qui a été tenue à Khartoum, a été un succès prometteur.
Je voudrais à cette occasion saluer les efforts des institutions et organes de l’OCI tels que le COMCEC, la Banque islamique de développement, le centre islamique pour le développement du commerce, le centre de recherches statistiques, économiques et sociales et de formation pour les pays islamiques et la chambre islamique de commerce et d’industrie.
Concernant les activités humanitaires de l’OCI, il est à noter que toutes les procédures institutionnelles ont été parachevées pour la création du département des Affaires humanitaires (ICHAD). A cette fin, plusieurs initiatives et activités ont été organisées dans la vallée du Swat, au Pakistan, au Burkina Faso, au Niger, aux Comores, au Darfour, en Somalie, à Banda Aceh, en Indonésie, en Bosnie-Herzégovine, à Gaza, au Yémen et en Sierra Léone. Il est également à noter qu’un surcroit d’efforts de coordination intra-OCI reste requis afin d’accentuer la prise de conscience de l’ampleur des catastrophes naturelles.
Le Fonds de solidarité islamique a connu un nouveau départ avec la nomination de sou nouveau directeur exécutif. Les nouveaux accords conclus avec diverses organisations philanthropiques sur la coopération et le financement mutuel de certains projets ont permis d’accroitre l’enveloppe allouée par le Fonds à ses activités dans les différents domaines et au profit de nombreux pays membres. Cela a été rendu possible grâce aux généreuses contributions fournies par certains Etats membres de l’OCI. J’aimerais à cette occasion inviter les Etats membres n’ayant pas encore contribué au Fonds de solidarité islamique à s’empresser de le faire.
J’aimerais également attirer votre aimable attention sur l’importance extrême que nous attachons à l’exécution du programme d’action décennal. Vous n’êtes sûrement pas sans savoir à cet égard que la mise en œuvre adéquate de ce programme nous offrira une opportunité historique et unique pour promouvoir le progrès et le développement de la oummah et lui donner les moyens de relever les défis de notre temps.
Au niveau du Secrétariat général, nous avons procédé à l’exécution de la quasi totalité des tâches et missions qui nous ont été assignées par le PAD. Une nouvelle charte a été élaborée, examinée, adoptée et est entrée en vigueur après sa signature par 41 Etats membres. Nous avons par la suite entrepris d’accomplir les nouvelles missions liées à l’exécution de la nouvelle charte telle que la création d’une commission indépendante et permanente des droits de l’homme et le projet de règlement régissant le statut d’observateur. Des textes consensuels ont été rédigés et soigneusement décortiqués par les experts des Etats membres. Ces textes sont maintenant sont maintenant soumis à votre appréciation. La création de la commission indépendante et permanente des droits de l’homme sera assurément bien accueillie et saluée par les milieux des droits de l’homme. Il s’agit en l’occurrence d’un acquis majeur dans les annales de l’OCI.
Excellences,
Honorables délégués,
Le dialogue des civilisations occupe une place centrale et constitue une priorité sur l’agenda de l’OCI. Nous avons continué entretemps à nous focaliser sur ce dialogue et avons participé à de multiples forums que nous avons mis à profit pour souligner l’importance du dialogue dans la lutte contre l’intolérance et la haine.
Nous avons salué et soutenu l’initiative de Sa Majesté le Serviteur des deux Saintes Mosquées sur le dialogue interreligieux et nous avons diffusé son message à travers nos activités sur le dialogue des civilisations. L’initiative est considérée, à juste titre, comme la plus grande et la plus efficace qui soit à être présentée par le monde musulman. Elle a été largement reconnue et acclamée. Nous nous sommes également engagés avec les principales organisations occidentales opérant dans ce domaine, notamment l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH). Nous restons étroitement associés à l’Alliances des Civilisations (AdC) en vue de renforcer le dialogue des civilisations. La signature d’un protocole d’accord avec l’Alliance et la visite du Haut représentant de l’AdC M. Jorge Sampao, au siège du Secrétariat général de l’OCI à Djeddah, témoignent de la coopération croissante entre l’OCI et l’AdC.
Dans ce contexte, l’OCI a convoqué et abrité le mois dernier, la 1ère réunion des Points focaux de l’AdC dans les Etats membres de l’OCI. Je suis heureux de vous informer que le Secrétariat général est également activement impliqué dans la tenue d’un événement en marge du 3ème Forum annuel de l’AdC, qui se tiendra à Rio de Janeiro à la fin de ce mois et en collaboration avec le Conseil du Bureau, la Turquie et l’Espagne. Un autre séminaire sur l’islamophobie se tiendra au cours de la réunion de l’OSCE prévue en juin prochain à Astana. Dans la même optique, nous prenons des mesures pour intensifier nos relations avec les médias internationaux. Nous allons organiser, cette année, une réunion de suivi sur la Conférence des médias, tenue en 2007 à Bakou. Cette réunion aura pour thème : Les médias en tant que passerelle entre les civilisations . Nous avons parachevé la restructuration de l’Agence islamique internationale de presse (IINA) et nous sommes actuellement en train de finaliser la restructuration de l’Union des radiodiffusions des Etats islamiques (ISBU).
Excellences,
Honorables délégués.
Le Secrétariat général a pris l’initiative d’élaborer le projet de Plan d’action de l’OCI pour la promotion de la femme (OPAAW), qui a été discuté par les Etats membres et adopté par la dernière session du Conseil des Ministres des Affaires étrangères. Dans le même ordre d’idées, le Conseil a également approuvé la création d’une Organisation de Promotion des femmes, qui sera basée au Caire. Je suis convaincu que le projet de statut de l’Organisation sera adopté par la présente assemblée. Une autre conférence ministérielle sur le rôle des femmes dans le développement des Etats membres de l’OCI, se tiendra également en Iran au cours de cette année, tandis que des activités similaires ont déjà eu lieu concernant les jeunes et les enfants.
Mesdames et Messieurs,
Dans le domaine de la Dawa, l’OCI a cherché à réunir sous son égide, les institutions et organisations islamiques spécialisées dans les activités de la Dawa, et ce dans le cadre du Comité de Coordination de l’Action islamique commune dans le domaine de la Dawa. Le comité de Coordination a entrepris de mettre en place un certain nombre de programmes exécutifs, dont la création d’une station radio en ondes courtes FM en Afrique. La 17ème session du comité de coordination qui se réunira au Brésil en Mai 2010 se penchera sur les questions de la Dawa en Amérique Latine.
Dans le domaine de la science et de la technologie, une réunion a groupé récemment au Secrétariat général les institutions spécialisées de l’OCI pour la science et la technologie, l’enseignement supérieur, la santé et l’environnement. L’objet de cette réunion était de passer en revue les réalisations accomplies et d’évaluer les défis à relever.
D’autre part, nous avons réussi à améliorer les performances des deux Universités de l’OCI opérant respectivement au Niger et en Ouganda, ainsi que l’Université islamique de Technologie à Dhaka. Je tiens également à saluer les efforts des organes de l’OCI actifs dans le domaine des affaires culturelles et sociales, notamment l’Académie islamique internationale du Fiqh, l’ISESCO, l’IRCICA, la Fédération sportive de la solidarité islamique et le Forum de la Jeunesse de la Conférence islamique sur le dialogue et la coopération (FJCI-DC).
Nos dirigeants ont reconnu l’urgente nécessité de combler le hiatus entre nos Etats membres et les pays avancés et décidé d’allouer, dans le cadre du PAD, 2% de leur PIB à l’investissement sur la recherche et le développement. Nous disposons également de success stories dans le domaine de la santé en termes d’éradication de la polio et de compagne contre le paludisme, de même que dans le domaine de la santé maternelle et infantile.
Honorables ministres,
Mesdames et Messieurs,
Tous les progrès et toutes les réalisations que j’ai cités ont été rendus possibles grâce à votre confiance en nous et grâce aussi à vos conseils éclairés et vos décisions et résolutions pertinentes. Nous ne pouvons que vous promettre de rester dans la course, de redoubler d’efforts et de faire preuve de plus d’abnégation pour œuvrer avec diligence à tous les échelons et dans tous les domaines. Le contexte international actuel dans lequel nous évoluons n’est pas aisé. Il est empli de difficultés et de défis. La seule arme dont nous disposons c’est l’arme de l’unité, de la loyauté envers nos causes et la solidarité que nous manifestons ici en prenant des décisions communes et en engageant des actions concertées. Mais avant tout, le plus important reste notre foi profonde en notre oummah, en sa grandeur, en sa force et en son avenir radieux.