Date: 05/11/2009
« IMPACT DE LA CRISE FINANCIERE MONDIALE SUR LES PAYS DE L’OCI : PERSPECTIVES DE RELANCE ET ROLE DES SECTEURS CLES DANS LE DEVELOPPEMENT » ISTANBUL, REPUBLIQUE DE TURQUIE 5-6 NOVEMBRE 2009 Bismillahi arrahmani arrahim Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs, Assalamou alaykoum wa rahmatoullahi wa barakatouhou Je suis heureux d’exprimer ma profonde gratitude au gouvernement de la République de Turquie pour l’hospitalité accordée à cet important forum et pour l’aimable invitation qui m’a été adressée personnellement pour participer à la cérémonie inaugurale. J’aimerais également rendre hommage à l’organisation d’Etat pour la planification ainsi qu’au sous secrétaire pour le Commerce extérieur, à l’Union des chambres et à la bourse de Turquie pour les excellentes dispositions prises en prévision de cet important rendez-vous. Je voudrais également souhaiter la bienvenue à tous les représentants des secteurs public et privé des Etats membres de l’OCI et aux autres participants à ce forum. Ce forum est organisé à l’occasion du 25ème anniversaire du comité permanent pour la coopération économique et commerciale de l’OCI (COMCEC), qui est présidé par S.E. le Président de la République de Turquie et dont le mandat consiste à adopter les mesures appropriées en vue de promouvoir et de renforcer la coopération économique et commerciale entre les Etats membres. Le COMCEC reste également un partenaire crédible dans la mise en œuvre du mandat qui lui avait donné par le 3ème sommet extraordinaire de notre Organisation pour bâtir une coopération économique plus étroite entre les Etats membres afin de mieux faire face aux challenges actuels. A cet égard, l’agenda de ce forum d’affaires revêt une signification très particulière. Bien avant que la crise mondiale n’éclate, les leaders de la Oummah avaient compris avant les autres la nécessité d’une action économique collective de la part des membres de la Oummah. D’où l’adoption de la vision destinée à accélérer le développement économique et à assurer le bien être général des différentes couches sociales à l’échelle du monde musulman. La crise financière mondiale a frappé au moment où nous avions commencé à mettre en œuvre les dispositions de notre programme d’action décennal. Cette crise n’était enfin de compte qu’un premier symptôme annonciateur d’une autre crise encore plus grave et qui est à proprement parler une crise consubstantielle au capitalisme international lui-même. La décélération constante des taux de croissance du PIB a engendré des excédents de plus en plus importants de capitaux, qui ne trouvent pas de créneaux suffisamment lucratifs à investir dans l’économie réelle. L’alternative avait consisté à placer ces excédents sur le marché boursier, lequel était devenu tout – coup plus rémunérateur et plus intéressant que l’investissement dans les secteurs de production, surtout avec la vague des déréglementations. Ce phénomène avait provoqué des bulles financières récurrentes et se trouve être à l’origine de la crise financière de 2007-2009. Les crises financières et économiques n’ont pas seulement affectés les économies avancées et émergentes mais ont aussi créé d’énormes problèmes économiques aux pays les moins avancés en termes de manque à gagner massif, en plus de jeter sur le pavé des milliers de chômeurs et de gonfler en conséquence le nombre des populations pauvres. Chers participants, Il ne fait pas de doute que le commerce demeure le moyen le plus crédible pour la création de richesses, la croissance économique et le bien être général pour les masses à l’échelle de chaque nation. La prise de conscience de ce fait justifie l’accent mis par l’OCI sur la facilitation et la promotion du commerce parmi les pays membres de l’Organisation. Parallèlement à l’autre objectif actuel, qui est d’augmenter à 20% le volume d’échanges intra-communautaires à l’horizon 2015, la question de la réduction de la fracture persistante entre la croissance et la réduction de la pauvreté mérite également de bénéficier de notre attention sur le long terme. Un système de commerce préférentiel a été mis en place parmi les Etats membres de l’OCI en tant que moyen de booster les échanges intra-communautaires. Deux importants accords, à savoir le protocole sur le système de tarif préférentiel pour le TPS-OIC (PRETAS) et l’accord sur les règles d’origine du TPS-OCI, ont été entièrement finalisés et ouverts à la signature et à la ratification des Etats membres. Le PRETAS va incessamment entrer en vigueur, ouvrant ainsi la voie à la levée de certaines barrières tarifaires et para tarifaires et, par conséquent, à la libre circulation des biens entre les pays de l’OCI. Par delà l’effet escompté du libre échangisme sur la croissance économique des pays islamiques, le problème de l’éradication de la pauvreté s’est toujours articulé autour de la situation des pays les moins avancés, qui représentent plus du tiers des Etats membres de cette organisation. Il existe bon nombre d’autres problématiques pertinentes au déficit infrastructurel dans les pays les plus pauvres, allié à une faible utilisation des capacités, à des indicateurs de développement humain médiocres, à des revenus faibles et au chômage endémique, sans oublier l’exode rural. Ces problèmes socioéconomiques doivent être pris à bras le corps par cette éminente institution islamique en collaboration avec les gouvernements des pays membres. L’OCI dispose quant à elle de plusieurs programmes pour la réduction de la pauvreté, et auxquels nous vous recommandons vivement de participer de manière agissante. Le développement infrastructurel se trouve au cœur du programme de réhabilitation de la filière du coton, qui porte également sur l’accroissement des investissements dans ce secteur. Dans le même contexte, le projet ferroviaire Dakar -Port Soudan bénéficie également de l’attention des Etats membres. Une réunion ministérielle dédiée à ce projet sera organisée par le gouvernement soudanais en décembre 2009 pour examiner les études de faisabilité de ce projet d’intégration régionale. Le Secrétariat général encourage par ailleurs toutes les initiatives en matière de sécurité alimentaire ; et des efforts sont actuellement entrepris pour mobiliser les abondantes ressources dont disposent les Etats membres dans ce domaine. Le secteur tertiaire reste largement sous développé dans la majorité des pays de l’OCI, où le secteur des services compte pour 18,66% des exportations globales des Etats membres et pour 4% des exportations mondiales de services. L’importation de services constitue, d’un autre côté, 11,24% des importations de l’OCI dans ce secteur. Des pays comme la Turquie, la Malaisie et l’Egypte ont développé leur secteur de services avec, respectivement, 20,69%, 18,61% et 13,93% du total des exportations de services de l’OCI. La coopération pourrait donc être profitable à tous si les ressources sont mises en commun de manière coopérative. A cet égard, une des initiatives de nature à promouvoir l’industrie des services dans les pays de l’OCI est celle de la promotion du tourisme. C’est pourquoi l’OCI a adopté un projet sur le réseau transfrontalier de parcs, réserves naturelles et sanctuaires ainsi qu’un autre projet relatif à la coopération dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. J’aimerais à cet égard vous inviter instamment à appuyer les efforts qui visent à réduire les coûts professionnels dans les Etats membres de l’OCI. Les autres grands dossiers en rapport avec les différents efforts économiques de l’OCI, se rapportent au microcrédit et au rôle des femmes d’affaires dans la promotion du bien être économique des couches vulnérables de la Oummah islamique. Le marché financier dans le monde musulman doit être également développé. La réunion des gouverneurs des banques centrales des Etats islamiques, organisée à Istanbul, en Turquie, avait à son ordre du jour un thème similaire à celui sur lequel nous sommes en train de délibérer aujourd’hui, à savoir l’impact de la crise financière mondiale sur l’économie des Etats membres. Alors que la pire crise financière bat son plein, le monde cherche désespérément une solution viable pour mettre en place un système financier durable. Dans ce contexte, nous aurions besoin de repenser entièrement l’architecture financière internationale existante. Ce qui implique une coopération internationale sur la réforme et la réglementation des marchés financiers et des capitaux, les normes comptables et le traitement des transactions financières internationales. Le but de cette opération est de renforcer à la fois l’intégration et la stabilité des marchés mondiaux des capitaux. De plus, il faudrait repenser également la manière avec laquelle les institutions financières internationales aident les pays confrontés à des crises de capitaux et de paiements externes. De ce point de vue, j’aimerais vous faire remarquer que le système bancaire et financier islamique est capable d’apporter une réponse tout prête à cette quête d’un nouvel ordre financier en rétablissant la confiance dans les relations économiques internationales. L’élément de base de la finance islamique n’est autre que le modèle participatif dans lequel les financiers et leurs partenaires partagent le risque et les gains. L’intégration de cet aspect dans la finance islamique donne à celle-ci le potentiel nécessaire pour contribuer à la moralisation du marché et à la stabilité du système financier global. L’intermédiation financière de type participatif ne peut que nous aider à mieux maitriser la levée des capitaux et l’expansion excessive du crédit. Ce processus nous amènera au final à donner leur juste prix aux actifs et aux passifs. Par conséquent, les éléments clés de la finance islamique pourraient assurément contribuer à réformer le système financier global et à mettre en place un système financier solide qui pourrait à son tour prévenir la récurrence de telles crises financières dans l’avenir. Le secteur privé pourrait également promouvoir les investissements extérieurs directs à travers la création de filiales dans les pays islamiques, sur le modèle des grandes compagnies multinationales. Cette initiative ne manquerait pas de stimuler la création d’emplois et le transfert de technologie, qui sont requis pour mobiliser les segments vulnérables de la population dans le processus de développement intégral. De surcroit, le partenariat entre le secteur public et le privé pourrait être le moyen idéal d’établir l’équilibre adéquat entre les aspects sociaux et les impératifs purement économiques. Cet arrangement constitue en effet une reconnaissance du rôle central des gouvernements qui consiste à mettre en place des règles du jeu pertinentes et stables afin de susciter une saine compétition et de donner confiance au secteur privé pour travailler, rivaliser avec la concurrence et faire ce qu’il est censé faire pour le mieux : le business et la création de richesses. Les rôles singuliers et collectifs que vous êtes appelés à jouer en tant qu’acteurs et parties prenantes dans ce système, aussi bien comme producteurs, industriels, banques centrales ou traders, sont absolument cruciaux. Mais la règle du jeu implique aussi le respect des normes, j’entends les normes les plus élevées, de la part du secteur privé. Mieux encore, cela suppose que le secteur privé se donne spontanément des normes extrêmement exigeantes en termes de gouvernance d’entreprise, d’approche de la citoyenneté entrepreneuriale, d’attitude à l’égard du fléau de la corruption et d’approche de la durabilité de l’environnement. Tout cela fait partie du contrat à conclure si le profit doit être maximisé, si la croissance doit s’inscrire dans la durée et si le fossé qui sépare les riches et les pauvres doit être comblé. Nous soutenons également le PME pour qu’elles puissent jouer leur rôle vital dans l’accélération de la croissance, la création d’emplois et la mobilisation des ressources locales pour remporter les défis de la compétitivité internationale. Je vous souhaite le plein succès dans vos délibérations. Wassalamou alaykoum wa rahmalouhi wa barakatouhou