Date: 03/03/2007
Excellences Messieurs les chefs de délégation Mesdames et Messieurs, Je voudrais vous souhaiter à tous la bienvenue à la cérémonie d’ouverture de cette importante 30ème session de la Commission islamique pour les Affaires économiques, culturelles et sociales Vos délibérations vont se focaliser sur un certain nombre de problématiques qui revêtent un intérêt vital pour notre Oummah, qui cherche désespérément à briser le carcan de l’injustice socioéconomique où elle se trouve emprisonnée et qui se caractérise par le sous développement, la carence du système éducatif, l’analphabétisme rampant, l’inanité des efforts déployés dans les domaines des sciences et de la technologie ainsi que par la prévalence des problèmes sociaux et de santé. C’est dire que les débats que vous aurez tout à l’heure auront à jouer un rôle majeur dans l’orientation générale des délibérations de la prochaine CIMAE, prévue dans 3 mois. Avant d’aborder toutes ces questions, je voudrais me référer d’abord aux rapports du Secrétaire général et aux activités de notre secrétariat général, qui comportent une série d’innovations, tant sur le fond que sur la forme et la nature des activités et initiatives prises. Tout cela a été rendu possible par l’esprit de réforme, mu par une nouvelle culture du travail créative et progressiste et privilégiant l’action concrète plutôt que l’énumération et la narration fastidieuse des événements. Car nous sommes convaincus que les faits sont plus éloquents que les mots. Dans ce contexte, nous avons été encouragé par l’élan donné à notre organisation par la troisième session extraordinaire de la Conférence islamique au sommet, tenue à Makkah Moukarramah en décembre 2005, et ce à la louable initiative du Serviteur des deux Saintes Mosquées, le Roi Abdallah Ibn Abdelaziz. Ce sommet extraordinaire avait en effet marqué un tournant capital dans l’histoire de notre Organisation, avec en point d’orgue, l’adoption d’un ambitieux programme d’action décennal, destiné à donner à la Oummah le moyen de tourner définitivement la page de la décadence et du sous développement pour s’engager irréversiblement dans une ère nouvelle, faite de grandeur retrouvée, de progrès et de prospérité. Comme je l’ai déjà dit dans mes remarques précédentes, vous constaterez que les rapports du Secrétaire général sont axés sur les développements en cours et qu’il mettent un accent particulier sur l’action engagée par le Secrétariat général dans l’immédiat et à terme. Ces rapports ont été également élaborés de manière interactive et non pas comme une banale chronologie des évènements passés. Nous nous sommes efforcés de mettre l’action islamique commune en phase avec la réalité et avec le réalisable et le possible. Tout cela, dis je, aura été rendu possible par l’adoption du plan d’action décennal de l’OCI, un plan assorti d’objectif réalistes et réalisables pour la prochaine décennie. Dans le but d’avoir une méthodologie de mise en œuvre encore plus pratique et plus aisée, le Secrétariat général a mis au point une « feuille de route » exhaustive et circonstanciée pour exécuter le programme et en suivre de près la progression. En outre, nous avons placé la question de la mise en œuvre à l’ordre du jour de toutes les réunions importantes de notre Organisation et ce pour toute la durée du processus d’exécution. Pour rester constamment en contact et coller de prés aux préoccupations de nos Etats membres et pouvoir ainsi intervenir sans délais dans les situations d’urgence, nous avions proposé à la troisième Conférence islamique extraordinaire au sommet de créer un comité exécutif au niveau des Troïkas. A cet égard, le consentement donné par le Sommet à cette proposition nous a réconfortés et rassérénés. Le comité a été entre-temps mis en place et a d’ores et déjà tenu plusieurs réunions fructueuses, faisant ainsi amplement la preuve de son efficacité. Tout au long de l’année écoulée, nous nous étions efforcés d’introduire un certain nombre de réformes importantes ; nous avons effectivement remis à flot l’Académie islamique internationale du fiqh et l’avons reconvertie en Autorité Internationale Islamique Suprême pour la Charia. L’Académie s’est aussitôt attelée à sa tâche et en ses nouvelles capacités, pour écrire une page nouvelle dans l’accomplissement de cette importante mission qui lui est confiée et rendre d’incommensurables services à l’Islam et au monde musulman. Nous avons consacré le même effort au Fonds de solidarité islamique afin de donner plus d’efficacité à son action. Mais il reste encore beaucoup à faire sur ce plan ; d’autres réunions sont déjà programmées pour réaliser pleinement tous ces objectifs. Dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions du troisième sommet extraordinaire de l’OCI relatif à l’amendement de la charte, un panel de haut niveau, comprenant plusieurs éminentes personnalités islamiques, s’est réuni par deux fois et a révisé la charte en détail en y introduisant les amendements jugés nécessaires pour faire en sorte que les nouveaux objectifs de notre Organisation soient compatibles avec les attentes et les aspirations du monde musulman pour l’aider à faire face aux défis et aux challenges du 21ème siècle dans tous les domaines. Toutes ces actions et autres ont été menées simultanément avec la création de l’observatoire de l’OCI sur l’Islamophobie, qui a pour tâche de suivre et de documenter de manière interactive toutes les activités de nature à propager la haine et le ressentiment contre l’Islam à travers le monde. J’aimerais à cet égard inviter les Etats membres à communiquer à l’observatoire islamique toute information utile en leur possession pour permettre à ce dernier de remplir son mandat de façon optimale. Nous avons promptement réagi à l’affaire des caricatures blasphématoires parues dans un tabloïd danois et avons soulevé la question au niveau de la communauté internationale, et notamment au sein de la Commission des droits de l’homme à Genève et de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Dieu merci, nous avons pu obtenir satisfaction dans le cadre de ces deux fora, dès lors qu’ils ont adopté des résolutions appelant au respect des religions et se référant plus particulièrement à l’Islam. Nous sommes redevables de ces résultats positifs aux efforts acharnés déployés par le Secrétariat général, en plus de la mobilisation des pouvoirs de vote des groupes de l’OCI aux Nations unies à Genève et New York. Des efforts similaires ont été également déployés par le truchement de l’UNESCO et ont été là aussi couronnés d’un égal succès. Dans ce cadre et ainsi que je l’avais rappelé dans maintes interventions au cours de l’année dernière, l’OCI a organisé une conférence internationale sans précédent dans l’histoire de notre organisation, sous les cimaises du London Wilton Park Centre avec pour thème : « Défier les stéréotypes en Europe et dans le monde musulman : ensemble pour des politiques et des partenariats constructifs «. Honorables délégués, Nous sommes convaincus que le renforcement des attaches économiques entre les Etats membres représente le moyen le plus efficace pour raffermir notre solidarité et notre unité. Nous sommes heureux de voir que l’OCI n’a pas perdu de vue cette réalité dans sa manière d’appréhender les questions économiques, et ce grâce aux efforts inlassables déployés par les institutions et organes de l’OCI à l’instar du COSMTECH, de la BID, du CIDC et autres. Par la même occasion, je tiens à remercier le gouvernement turc d’avoir abrité le deuxième tour des négociations au titre du Système de Tarifs Préférentiels « PRETAS ». La première réunion de ce second tour, qui s’est déroulée à Istanbul, a permis d’accomplir d’importantes avancées sur le dossier des règles d’origine. Et notre espoir est grand de voir le Comité de Négociations Commerciales aboutir à des résultats concrets avant l’épilogue du second tour en novembre 2007, afin que le protocole puisse entrer en vigueur d’ici janvier 2009. Le Secrétariat général de l’OCI est parvenu, en collaboration avec le COMCEC et d’autres institutions de l’OCI, à accomplir des progrès considérables sur le programme du coton. Trois réunions de groupe d’experts ont été organisées par la Turquie et ont abouti à l’adoption du programme quinquennal de l’OCI, axé sur la recherche, le commerce, la fabrication et l’investissement. La 5ème Conférence islamique des ministres du tourisme, qui s’est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, a adopté une série des résolutions visant à renforcer la collaboration entre les Etats membres sur le développement du tourisme et à promouvoir les flux touristiques intracommunautaires, notamment en ce qui concerne les sites historiques et les échanges culturels. Un forum a été organisé à l’initiative du Secrétariat général de l’OCI en avril 2005 à Ouagadougou et a adopté plusieurs recommandations en vue notamment de faire un meilleur usage des mécanismes existants au sein de la BID, en particulier la Société Islamique pour le Développement du Secteur Privé et la Société Islamique d’Assurance des Investissement et des Crédits à l’Exportation. Le gouvernement turc a également lancé un programme baptisé « stratégie africaine de développement » et destiné à servir de cadre et de catalyseur au développement du commerce, de l’investissement et de la coopération technique entre la Turquie et les pays africains, avec pour objectif d’œuvrer à l’éradication de la pauvreté en Afrique. La dernière conférence islamique des ministres des Affaires étrangères, tenue à Bakou en juin 2006, a réaffirmé que l’éradication de la pauvreté dans tous les Etats membres avant la fin de la prochaine décennie constituait un objectif commun pour les Etats membres de l’OCI. Le troisième sommet extraordinaire de l’OCI a notamment décidé de créer un fonds spécial au sein de la BID pour la lutte contre la pauvreté, en vue de procurer des opportunités d’emploi et de mettre en place les mécanismes de financement appropriés. Contrairement aux tentatives antérieures d’éradication de la pauvreté, la dernière initiative du Serviteur des deux Saintes Mosquées, le Roi Abdallah Ibn Abdelaziz, de convoquer cette troisième conférence extraordinaire au sommet en 2005 à la Mecque, apparaît comme un engagement prometteur et bien réel, qui, avec la grâce de Dieu, aboutira à des résultats tangibles. Je voudrais à cet égard exprimer mes sincères remerciements et ma gratitude à Sa Majesté et au gouvernement du Royaume d’Arabie Saoudite pour la généreuse contribution de 1 milliard de dollars qui a été faite en faveur du Fonds. Par la même occasion, j’aimerais remercier l’Etat du Koweït pour sa contribution de 300 millions de dollars et en profiter pour lancer un appel à tous les Etats membres de l’OCI qui ne l’ont pas encore fait, pour leur demander de contribuer généreusement aux ressources dudit Fonds. Au plan culturel, le secrétariat général a également déployé des efforts inlassables pour promouvoir la riche culture de l’Islam et engager un dialogue intensif avec les autres religions. Au cours de ma visite en France, les 29 et 30 janvier et lors de mon entrevue avec le Président Chirac, j’ai eu l’occasion d’avoir des échanges extrêmement constructifs autour de la situation des communautés musulmanes établies en France. J’ai également eu l’occasion de m’adresser à un prestigieux parterre d’intellectuels et de représentants de la société civile de la France, en plaidant fortement contre les mythes qui consistent à croire que l’Islam est un intrus en Europe et m’efforçant de mettre en évidence les multiples apports de l’Islam à l’enrichissement de la culture, de la science et de l’enseignement en Europe. De leur côté, l’ISESCO et l’IRCICA ont également joué un rôle extrêmement important dans ce même domaine. Le mois dernier, l’IRCICA avait ainsi profité de la visite du Président du Tatarstan en Turquie pour organiser un dialogue intensif sur l’Islam en Russie. Un session de Brainstorming sur l’Islamophobie a été organisée simultanément, avec la participation d’une pléiade d’érudits musulmans et des diplomates venant des différentes régions du globe. La première conférence ministérielle islamique sur le rôle des femmes dans le développement des Etats membres de l’OCI a été organisée en Turquie en novembre 2006 pour délibérer sur des voies et moyens, les stratégies et les programmes visant à promouvoir le statut des femmes. Cette réunion a été un grand succès et a permis d’adopter un agenda pour l’avancement des femmes dans le monde musulman. Nous avons travaillé avec l’ISESCO et l’UNESCO à la préparation de la deuxième conférence ministérielle islamique sur l’Enfance ainsi qu’à la mise en œuvre des dispositions de la déclaration de Rabat sur les droits de l’Enfant dans le monde musulman. L’OCI et l’OMS sont convenues en outre de soutenir la campagne pour l’éradication de la polio et autres maladies dans les Etats membres de l’OCI. Je suis infiniment reconnaissant à tous ceux qui ont fait de généreuses donations à cette fin. Le Secrétariat général est fortement engagé dans l’effort de renforcement et d’appui aux institutions éducatives de la Oummah. Nos efforts pour obtenir un soutien financier au profit des universités islamiques du Niger et d’Ouganda se sont avérés efficaces et ont permis ainsi de développer et de consolider les infrastructures et les équipements ainsi que les normes pédagogiques de ces universités. Le Secrétariat général tient à exprimer sa gratitude à tous les Etats membres, ainsi qu’aux ONG islamiques, aux différentes waqfs et à SAR Dr. Cheikh Sultan Bin Mohamed Al-Qasimi, membre du Conseil suprême du gouvernement de Sharjah, aux Emirats Arabes Unis, pour leurs généreuses contributions. En outre, l’université islamique d’Ouganda a vu sa situation s’améliorer et elle a été en mesure de dégager pour la première fois depuis 1998 un excédent budgétaire. Pour manifester la colère et l’indignation de la Oummah à la suite de la décision d’Israél de poursuivre les travaux de construction d’une nouvelle passerelle dans le cadre, soit disant, de la restauration d’un pont endommagé conduisant à la porte d’al-Magharibah à al-Haram Charif, et à la suite également des fouilles menées sous le mur d’al-Bourak à la hauteur de la Mosquée à al-Aqsa, le Secrétariat général a convoqué une réunion ministérielle élargie du comité exécutif le 22 février 2007 au siège de l’OCI à Djeddah. Honorables délégués, Au niveau de science et de la technologie, l’OCI a organisé une réunion informelle à participation non limitée des ministres de l’Enseignement supérieur, en marge de la troisième session de la Conférence islamique des ministres de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui s’est déroulée à Koweit City du 19 au 21 novembre 2006. Les ministres de l’Enseignement supérieur ont délibéré à cette occasion sur certains points essentiels intéressant les domaines de l’enseignement supérieur, de la science et de la technologie et portant plus particulièrement sur la réforme et l’amélioration de l’enseignement tertiaire. Les ministres ont discuté des voies et moyens permettant d’atteindre l’objectif fixé à savoir « renforcer les universités sélectionnées dans les domaines de la science et de l’ingénierie, en vue d’élever un minimum de 20 universités de la région OCI au rang du top 500 des meilleures universités dans le monde ». Ils ont décidé à cette fin de former un groupe central comprenant la République islamique d’Iran, la Malaisie, le COMSTECH, la BID, l’ISESCO, le SESRTCIC et le Secrétariat général de l’OCI. Un séminaire des Etats membres de l’OCI sur le classement des universités est prévu à Téhéran, en République islamique d’Iran, pour les 9 et 10 avril 2007. J’ai également assisté à la 25ème session du comité exécutif du COMSTECH les 7 et 8 janvier 2007 à Mascate. Une des principales questions examinées à cette réunion avait été le manque de contributions financières reçues par le Secrétariat du COMSTECH pour la réalisation de ses activités. Il est désormais établi que le COMTECH a réussi sa métamorphose en passant du stade de simple comité de conception politique à celui d’une institution qui joue un rôle essentiel et concret dans la mise en œuvre des activités en relation avec la science et la technologie. A ce propos, la réunion avait demandé au Secrétariat général de l’OCI et au Secrétariat du COMSTECH de prendre les mesures nécessaires pour transformer le Secrétariat actuel du COMSTEC en organe spécialisé. Cette proposition se trouve à présent devant vous pour lui donner la suite appropriée. Concernant le programme de coopération internationale pour l’éradication de la polio, le Secrétariat général est en train de travailler en étroite coordination avec la BID, l’OMS et l’UNICEF pour trouver une solution à l’épineux problème des maladies épidémiques. Mesdames et Messieurs, En conclusion, j’aimerais dire que ces quelques repères que je viens de vous donner ne sont qu’un bref un aperçu des grands efforts déployés par le Secrétariat général de l’OCI dans l’accomplissement de ses missions et l’exercice de ses fonctions au service de la Oummah islamique. De plus amples détails pourront être trouvés dans la documentation qui vous a été distribuée. Nous espérons que vous trouverez le temps de la consulter et d’en lire le contenu pour votre propre information. Le chemin qui reste à parcourir est encore long pour que notre Oummah renoue avec l’esprit avant-gardiste et le grand rôle qui avait été jadis le sien et qui lui avait permis de contribuer au progrès et à l’essor de l’humanité. C’est seulement en déployant des efforts acharnés et en faisant preuve de détermination et de ténacité que nous pourrons réaliser nos aspirations et nos ambitions. Puisse le très Haut nous prodiguer Son aide et Son assistance dans l’accomplissement de la noble et haute mission qui nous incombe. Wassalamou alaykoum wa rahmatoullahi wa barakatouhou Djeddah, Royaume d’Arabie Saoudite, 03 mars 2007