Date: 28/04/2009
Discours de s.e. Le Prof. Ekmeleddin Ihsanoglu, secretaire general de l’OCI a la conference internationale sur l’economie Islamique et les economies des etats membres de l’OCI 28-29 AVRIL2009 KUALA LUMPUR – MALAISIE Bismillahi arrahmani arrahim Pro. Dato Dr. Syed Adabi Idid, Recteur de l ‘université internationale islamique de Malaisie , Prof. Mansor Ibrahim, doyen de la faculté d’économie et de management, Dr. Alias Mat Derus, Directeur du département d’économie à la faculté d’économie et de management, Honorables participants, Mesdames et Messieurs, Assalamou alaykouw rahmatoullahi wa barakatouhou J’aimerais, tout d’abord, féliciter les organisateurs de cette conférence -l’université islamique internationale de Malaisie – et les remercier d’avoir sponsorisé cette importante rencontre. Je suis heureux d’apprendre que cette conférence est organisée en concomitance avec la célébration de quarantenaire de l’OCI et le jubilée de l’université internationale islamique de Malaisie. Cette année marque également le 25 anniversaire du comité permanent de l’OCI pour la coopération économique et commerciale entre les Etats membres. Cette conférence intervient à un moment où l'économie mondiale est sérieusement frappée par la crise qui a éclaté aux Etats-Unis à l’été 2007 à la suite de la déconfiture des fonds de pensions et après s’être rapidement étendue à l’Europe, a commencé à avoir des effets pervers sur les pays émergents et en développement. Certains économistes et certaines institutions comme le FMI, en viennent maintenant à comparer la crise actuelle à la grande dépression de 1929. Tous ces faits soulignent l’importance cette rencontre et nourrissent nos espoirs quant aux résultats escomptés. Je suis certain, pour ma part, que cette conférence va apporter une contribution essentielle à nos efforts visant à stimuler la croissance économique et à apporter la prospérité aux pays membres. Honorables participants, Le thème de mon intervention est « promouvoir la coopération économique entre les pays musulmans: rôle de l’OCI ». Le renforcement de la coopération économique et commerciale entre ces pays est en effet considéré comme l'une des grandes priorités de notre Organisation. Mais, avant que de vous parler de ces efforts, permettez-moi de revenir quelque peu sur le processus de réforme de l’OCI. Les 57 Etats membres de l’OCI font de celle-ci la deuxième plus grande organisation intergouvernementale après les Nations unies. Soulignant la nécessité pour l’OCI de devenir un partenaire actif sur la scène internationale en tant qu’organisation représentant le monde islamique, le 3ème sommet extraordinaire, réuni à la Mecque les 7 et 8 décembre 2005, a adopté le programme d’action décennal devant permettre à la Oummah islamique de relever les défis du 21ème siècle. Ce document a donné mandat au Secrétaire général pour entreprendre les reformes radicales requises afin de transformer l’organisation en une puissante entité capable de faire entendre la voix du monde musulman urbi et orbi. Depuis le sommet de la Mecque, l’OCI a pu inscrire à son palmarès plusieurs grands acquis et notamment l’adoption de la nouvelle charte par le 11ème sommet islamique de Dakar (mars 2008) qui vise notamment à donner plus d’efficacité au processus de mise en œuvre des résolutions, surtout qu’il s’agit de remédier aux problèmes rencontrés par le monde musulman. Nous avons également intensifié les activités du Secrétariat général et introduit des approches innovantes pour mieux gérer nos différentes missions. Du coup, la performance de l’OCI s’est nettement améliorée en termes de prise en charge des préoccupations des Etats membres et de prestations de services. Nous avons également entrepris de mettre en place une commission indépendante des droits humains telle que prévue par le PAD et la nouvelle charte, une commission qui viendra opportunément combler un vide béant. De plus, l’OCI est devenue un acteur incontournable sur maints dossiers internationaux, comme le dialogue des civilisations, l’amélioration de l’image de l’Islam et la lutte contre l’islamophobie. Dans le même élan, l’OCI a pris à bras le corps les grands dossiers politiques figurant en tête de son agenda comme la Palestine, l’Irak, le Liban, l’Afghanistan, le Jammu et Cachemire, le Darfour, Chypre, le Nagorny -Karabach, la Somalie, et la Côte d’Ivoire. Elle est également engagée dans les négociations avec certains pays où vivent des communautés musulmanes, telles que les Philippines et la Thaïlande, pour tenter d’alléger les souffrances de ces communautés et de garantir le respect de leurs droits humains fondamentaux. Des missions d’enquête ont été dépêchées en Irak et en Somalie et des représentants spéciaux nommés par le Secrétaire général de l’OCI pour les communautés musulmanes du Sud de la Thaïlande et du sud des Philippines. Des mesures ont été en outre prises pour fournir une assistance humanitaire au Liban, à la Palestine et à d’autres pays, et aussi pour organiser une 1ère conférence des donateurs en vue d’aider le Niger à constituer des réserves stratégiques pour parer aux pénuries alimentaires à répétition. Alarmée par la montée de l’islamophobie en occident, l’OCI a placé cette question au premier rang de ses priorités et a déployé des efforts de vaste envergure pour endiguer ce phénomène. Nous avons réussi ainsi à enregistrer des progrès substantiels à tous les échelons et notamment au conseil des droits de l’homme à Genève et à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Les réformes devraient permettre aussi aux Etats membres de participer davantage et d’avoir une coordination plus étroite à tous les fora régionaux comme l’ASEAN, l’Union africaine, le CCG, et aussi au sein des fora internationaux comme l’ONU ou l’OMC. Elles devraient également les aider à relancer le potentiel de l’OCI pour affronter efficacement les enjeux du 21ème siècle et contribuer collectivement au développement et à l’essor de la Oummah, qui, j’en suis persuadé, débouchera sur un monde plus sûr et plus stable. Toutes ces données illustrent le rôle important et le caractère indispensable de l’OCI en tant qu’unique représentant de la Oummah islamique. L’OCI représente aussi un vaste espace stratégique et commercial et constitue une entité économique de poids qui dispose de ressources et de complémentarités, ce qui permet aux pays membres de bénéficier des économies d’échelle qui contribuent à leur tour à booster leur productivité et leur compétitivité dan le contexte d’une économie de plus en plus mondialisée et de plus en plus complexe. Mesdames et Messieurs, Fondé en septembre 1969, l’OCI avait fait ses premiers pas sous forme de forum politique, mais on n’avait pas tardé à réaliser par la suite que, pour que l’action politique commune soit efficace, il fallait qu’elle soit étayée et complétée par l’action économique. La charte de l’OCI a ainsi insisté sur la nécessité de la coopération pour doper la croissance économique et aider les Etats membres à développer leurs capacités de production. Par ce faire, l’on a balisé le terrain à l’identification des domaines potentiels de coopération et, par conséquent, à une coopération économique plus étroite entre les Etats membres ; Dans le passé, l’OCI a déployé de sérieux efforts pour mettre en place le cadre institutionnel et multilatéral requis et à travers lequel les Etats membres peuvent coopérer et lancer des initiatives économiques conjointes. Les principales réalisations à l’actif de l’OCI en termes de coopération économique entre les Etats membres peuvent être, grosso modo, ramenées à ce qui suit : En décembre 1973, la 1ère conférence islamique des ministres des finances a adopté une déclaration d’intention en vue de la création de la Banque islamique de développement (BID) afin de booster le développement économique et le progrès social des Etats membres. Sur la base de ce document, en août 1974, la seconde conférence des ministres des finances de l’OCI a approuvé les statuts de la BID, qui est devenue opérationnelle en octobre 1975. En mai 1976, la commission islamique des Affaires économiques, culturelles et sociales a vu le jour en tant que commission d’expert chargée d’examiner les activités économiques, sociales et culturelles et de faire des recommandations à leur sujet pour décision finale aux réunions annuelles du CMAE. En mai 1977, la 8ème session de la CMAE a approuvé la création du Centre de recherches statistiques, économiques et sociales et de formation pour les pays islamiques (SESRIC) à Ankara, en Turquie, qui a pour mission de compiler et de diffuser les données et informations statistiques, de mener des recherches et d’organiser des programmes de formation à l’intention des Etats membres. En mai 1978, la 9ème session du CMAE a approuvé la création du centre islamique pour la formation technique et professionnelle de Dhaka, au Bangladesh, devenu en 2001 université islamique de technologie (UIT) et dont la principale mission est de contribuer au développement des ressources humaines des pays de l’OCI en matière d’ingénierie, de technologie et de formation technique et professionnelle. En mai 1979, la 10ème session du CMAE a approuvé la création de la chambre islamique de commerce et d’industrie (CICI) à Karachi, au Pakistan, en tant qu’organe affilié à l’OCI. La mission de la CICI est de renforcer la collaboration de la CICI dans les domaines du commerce, de la technologie de l’information, de l’assurance /réassurance, de la navigation maritime, du marketing, de la promotion des opportunités d’investissement et des joint ventures. En janvier 1981, le 3ème sommet islamique a décidé de créer la commission permanente de l’OCI pour la coopération économique et commerciale (COMCEC), qui est devenue opérationnelle à la 4ème conférence islamique au sommet en 1984, avec l’élection à sa tête du Président de la République de Turquie. Le mandat du COMCEC est d’élaborer les programmes d’action commune, de coordonner et de suivre les activités pertinentes à la coopération économique dans le cadre de l’OCI. En tant qu’organe responsable du renforcement de la coopération économique et commerciale, le COMCEC continue à fonctionner efficacement avec le soutien de tous les Etats membres, des institutions de l’OCI et des organisations internationales compétentes. Au demeurant, le COMCEC fêtera son jubilée au cours de cette année 2009. Le 3ème sommet islamique a également approuvé la création du centre islamique pour le développement du commerce (CIDC) à Casablanca, au Maroc, en tant qu’organe subsidiaire de l’OCI. Le principal objectif du CIDC est de promouvoir les échanges commerciaux entre les Etats membres en organisant des foires et expositions commerciales, des salons spécialisés et autres incentives. Le 3ème sommet islamique a aussi décidé de créer l’organisation de l’association islamique des armateurs (OISA) et en a approuvé le statut en tant qu’institution affiliée à l’OCI. Le principal but de cette association est de coordonner et de conjuguer les efforts de ses membres et de promouvoir la coopération entre leurs compagnies de navigation pour maximiser le profit. Il existe une kyrielle d’autres institutions créées par l’OCI dans le but de booster la coopération économique et commerciale entre les Etats membres. Ces institutions veillent à la réalisation de certaines activités et à la mise en œuvre d’une large panoplie de programmes et de projets. Le COMCEC a entrepris de mettre en place les trois systèmes multilatéraux de financement afin de promouvoir les échanges commerciaux intracommunautaires. Le premier, à savoir le « système de financement du commerce au plus long terme », plus connu sous le nom de système de financement des opérations (SFE), est devenu opérationnel en 1987 sous les auspices de la BID. Il a pour but de promouvoir les exportations de marchandises non conventionnelles en fournissant les fonds nécessaires. Le second, qui est « la société islamique d’assurance des investissements et des crédits à l’exportation » (SIACE), a été fondée en 1994 et est devenue opérationnelle en 1966. Sa mission consiste à augmenter le volume des transactions et les flux d’investissements entre les Etats membres en mettant à leur disposition des services d’assurance et de réassurance pour les crédits à l’exportation et les investissements extérieurs. Le troisième, qui est « l’accord sur l’union multilatérale islamique de compensation », a été élaboré par la BID et approuvé en principe par le COMCEC en 1992. Son objet est de créer un système de facilitation du règlement des transactions monétaires entre les membres de l’Union en leur procurant l’opportunité de payer dans leurs monnaies nationales en commerçant avec les autres pays membres. La 10ème COMCEC (1994) a invité les membres de l’OCI à conclure des arrangements de compensation entre eux qui soient flexibles en termes de biens concrets et basés sur la participation volontaire en termes d’adhésion. Néanmoins, ces arrangements ne se sont pas encore matérialisés et l’accord semble être en sommeil. Pourtant, dans le contexte de la crise financière mondiale, ils pourraient constituer un instrument efficace pour enrayer la tendance baissière des échanges internationaux. Un de grands acquis du COMCEC est l’accord-cadre sur le système du commerce préférentiel, qui a été adopté par la 8ème COMCEC en octobre 1990. Eu égard à son importance, j’y reviendrais plus loin avec plus de détails. Outre l’agenda régulier du COMCEC relatif à la coopération économique et commerciale, des réunions ministérielles placées sous les auspices du COMCEC sont également organisées chaque année et sont consacrées à différents thèmes comme l’industrie, la sécurité alimentaire, le développement agricole, le transport et les communications, l’énergie, l’infrastructure, les travaux publics et la coopération technique. J’aimerais à cet égard noter que le COMCEC a démontré qu’il était un outil très efficace dans l’intégration économique et le renforcement des relations commerciales entre les Etats membres. En 40 ans d’activités, l’OCI a également réussi à mettre en place un cadre multilatéral propice au renforcement de la coopération économique et commerciale entre les Etats membres. Il existe à ce jour quelque 8 accords touchant différents secteurs économiques : l’accord général sur la coopération économique, technique et commerciale, l’accord sur la promotion, la protection et la garantie des investissements, l’accord-cadre sur le système de commerce préférentiel, le protocole sur le système de tarif préférentiel du TPS-OCI (PRETAS), les règles d’origine du TPS-OIC, le Statut du conseil islamique de l’association civile, le statut de l’Union de télécommunications des Etats islamiques (ISTU), le statut de l’institut de normalisation et de métrologie des pays islamiques (SMIIC). Il existe également un plan d’action pour le renforcement de la coopération économique entre les pays membres de l’OCI, qui a pour but de stimuler la coopération intra-OCI dans dix domaines économiques prioritaires. Ce plan d’action a reçu l’aval du 3ème sommet islamique, tenu à Taif/Makkah en 1981. Comme on peut aisément le constater, le 3ème sommet islamique avait marqué un tournant crucial dans les efforts des Etats membres de l’OCI pour le renforcement de la coopération économique et commerciale. En plus de ces décisions portant création des trois principaux comités permanents (COMCEC, COMSTECH et COMIAC), et du CIDC et de l’OISA, le sommet islamique avait élaboré le premier document exhaustif sur la coopération économique à savoir le plan d’action pour le renforcement de la coopération économique et commerciale, qui définit les modalités de coopération dans une dizaine de secteurs : alimentation et agriculture, commerce, industrie, transport, finance ; énergie, science et technologie, main d’œuvre et affaires sociales ; population et santé et coopération technique. Le plan d’action de 1981 devait par la suite être révisé pour tenir compte des développements accélérés enregistrés par l’économie globale et l’environnement politique à la fin des années 80 et au début des années 90, comme la chute du mur de Berlin, la réunification de l’Allemagne, la débâcle du bloc socialiste, la désintégration de l’Union soviétique, la création du marché commun européen etc.. Compte tenu de l’expérience cumulée par l’OCI, des nouveaux changements et du nouvel agenda mondial, une nouvelle stratégie et un nouveau plan d’action ont été préparés et adoptés par le COMIAC en 1994. Cette nouvelle stratégie a défini une série d’objectifs globaux, de principes fondamentaux, de modalités et de mécanismes tandis que le plan d’action a identifié dans chaque secteur, les problèmes à résoudre et les objectifs sectoriels à atteindre : alimentation, agriculture et développement rural, industriel, énergie et mines, commerce extérieur transport et communication, tourisme, monnaie, banking et circulation des capitaux, coopération technique et technologique ; développement et environnement. Nonobstant les efforts déployés, l’expérience a montré que la mise en œuvre du plan d’action de l’OCI se faisait à un rythme trop lent. En effet, le succès du plan reste plutôt limité en termes tant de résultats finaux tangibles que de suivi technique et politique. Des raisons variées ont ralenti ou bloqué le processus de mise en œuvre de ce plan d’action. Elles vont des aspects organisationnels et techniques aux motifs politiques et se rapportent également au contexte structurel et réel et à la complexité des structures nationales des pays de l’OCI en tant que groupe. Le document du plan d’action souffre de trois défauts majeurs, qui font de lui beaucoup plus une simple déclaration d’intention qu’un plan d’action au sens vrai du terme. Ces trois défauts rédhibitoires ont nom : absence de calendrier, absence d’objectifs quantitatifs, et absence d’ordre de priorités. Comme nous le verrons plus loin, certains de ces défauts, comme la définition d’un calendrier, de priorités et d’objectifs stratégiques et quantitatifs, ont été éliminés pendant la préparation du PAD de l’OCI. Honorables participants, Le PAD de l’OCI, adopté par la 3ème session extraordinaire de la conférence islamique au sommet en 2005, embrasse tous les domaines qui interpellent le monde musulman et appellent une action collective de la part de la Oummah..Les priorités du PAD sont de promouvoir la coopération économique et commerciale entre les Etats membres, de booster, le commerce et l’investissement, d’appuyer le développement des Etats membres, de réduire la pauvreté et de renforcer les capacités des Etats membres les moins avancés. Le PAD a aussi donné mandat au COMCEC pour porter le volume des échanges intra-OCI de 14,5% en 2004, à 20% en 2015. Dans ce contexte, je suis heureux de noter que les efforts déployés au niveau de l’OCI ont commencé à porter leurs fruits et que des développements positifs ont été enregistrés au cours de ces dernières années. Primo, le part des Etats membres de l’OCI au PIB mondial ne cesse d’augmenter. En 2007, avec près de 22% de la population totale du globe, les Etats membres de l’OCI se sont adjugés 6,8% du PIB mondial total et 9,8% des exportations de marchandises, contre 6,1% et 9,2%, respectivement, en 2006. De plus, et selon les premières estimations, en 2008, la part des Etats membres de l’OCI au PIB mondial devrait tourner autour de 7,3%. Secundo, la dernière période a été marquée par une croissance exponentielle des échanges intra-OCI dont le volume est passé ainsi à 16,67% en 2008, alors qu’il n’était que de 14,5% en 2004. Par conséquent, on peut dire que la part de l’OCI au PIB mondial et le volume des échanges intra-OCI accusent une tendance positive à la hausse. Tertio, des progrès considérables ont été accomplis dans la mise en place du cadre légal nécessaire pour le système de commerce préférentiel TPS-OIC. A l’heure actuelle, 21 Etats membres siègent au comité de négociation commerciale, organe autorisé par le COMCEC pour prendre en charge les négociations commerciales. Résultat des efforts de ce comité : deux accords très importants, à savoir de protocole sur le système de tarif préférentiel du TPS-OIC (PRETAS) et l’accord sur les règles d’origine du TPS-OCI, ont été finalisés et ouverts à la signature et à la ratification. A ce jour, quinze Etats membres ont signé et 4 ratifié le PRETAS. 11 pays ont également signé et 4 ratifié l’accord sur les règles d’origine du TPS-OCI. Ces instruments vont nous permettre d’harmoniser les réglementations commerciales et de mettre en place un système commercial commun qui nous aidera à mieux affronter les challenges économiques. Quarto, la société internationale islamique pour le financement du commerce (SIIFC) a été créée par la BID et dotée d’un capital autorisé de 3 milliards US $ et d’un capital souscrit de 750 millions US $. Le SIIFC a approuvé en 2007 des financements à hauteur de 2,6 milliards US $, dont 77% sont allés au financement des échanges intra-OCI. En plus de ces mesures, l’OCI se focalise également sur les questions liées à la facilitation du commerce comme le développement des infrastructures, notamment les transports, domaine considéré comme un facteur essentiel pour consolider, renforcer et promouvoir la coopération économique et commerciale entre les Etats membres. A cet égard, la 11ème session du sommet islamique, réunie les 13 et 14 mars 2008 à Dakar, au Sénégal, a adopté une résolution sur la liaison ferroviaire Dakar/port Soudan, qui va relier la côte Ouest à la côte Est du continent. Ce projet revêt une importance vitale pour les pays traversés dans la mesure où il va ouvrir un corridor de développement à travers plusieurs pays parmi les moins avancés et promouvoir l’intégration constructive en termes d’avantages économiques réels et de partenariat équitable. J’ai personnellement pris l’initiative de convoquer la première réunion du comité de mise en œuvre du projet de ligne ferroviaire Dakar/port Soudan qui s’est réuni à Djeddah les 19 et 20 juillet 2008. Au cours de cette réunion, les Etats membres ont manifesté un grand intérêt pour ledit projet. Pour garder l’élan donné au projet, le Secrétariat général a préparé un projet de document et l’a transmis aux Etats membres concernés. Ce document sera par suite décortiqué par un groupe d’experts, qui se réunira au Soudan dans le courant de l’année 2009. Mesdames et Messieurs, Un autre acquis important dans le processus de mise en œuvre du PAD est la création du Fonds de solidarité islamique pour le développement (FSID) au sein de la BID, qui a été doté d’un budget estimatif de 10 milliards US $. Le Fond a pour objectif de (a) réduire la pauvreté, (b) construire les capacités productives des Etats membre, (c) faire reculer l’analphabétisme et (d) éradiquer les maladies et les épidémies, notamment le paludisme, la tuberculose et le sida. La FSID a été officiellement inauguré pendant la 32ème session du conseil des gouverneurs de la BID, tenue les 29 et 30 mai 2007 à Dakar, Sénégal. Lors de sa réunion à Téhéran, République islamique d’Iran, en février 2008, le Conseil des directeurs du FSID a approuvé la première stratégie quinquennale du Fonds. Cette stratégie met l’accent sur la réduction de la pauvreté en tant qu’objectif prioritaire. Deux programmes thématiques sont inscrits dans la stratégie de mise en œuvre : le programme d’alphabétisation (VOLIP) et le programme d’appui à la micro finance (PSP). Ces programmes visent à combler le double hiatus au niveau des connaissances et de l’accès des pauvres au financement dans les pays islamiques. Le coût de chaque programme est estimé à 500 millions US $. La population bénéficiaire est évaluée à 5 millions de personnes, en majorité des femmes et des jeunes sans emploi. En outre, le Conseil des directeurs a approuvé 23 projets pour une contribution totale du FSID de 323 millions de US $ depuis son lancement en mai 2007. Le PAD cherche également à promouvoir les activités visant à booster le développement économique et social dans les Etats membres africains de l’OCI et plaide pour l’adoption d’un programme spécial pour le développement de l’Afrique. A cette fin, la BID a arrêté en 2008 un programme spécial pour le développement de l’Afrique (SPDA). Ce programme spécial, qui s’étale sur une période de 5 ans (2008-2012) vise en priorité à réduire la pauvreté (notamment par la réalisation des ODM des Nations unies), à promouvoir la croissance économique et à améliorer la compétitivité des Etats membres africains sur la scène mondiale. On s’attend à ce que le SPDA génère, sur 5 ans, un volume de financement total de 12 milliards US $. Le programme se focalise sur les domaines prioritaires suivants : (i) accroître la productivité agricole pour accéder à la sécurité alimentaire, (ii) aider le pays à développer et à gérer les projets d’adduction d’eau et d’assainissement, (iii) appuyer les capacités de protection et de distribution de courant, (iv) soutenir la construction et la maintenance de l’infrastructure de transport, (v) renforcer le secteur éducatif pour préparer les jeunes au monde de l’emploi et leur inculquer l’attitude éthique et la passion de la réalisation de soi, et (vi) lutter contre les maladies contagieuses et contribuer au renforcement du système de santé. Honorables participants, Dans notre monde globalisé et interconnecté il est devenu évident que le tourisme représente l’un des secteurs économiques le plus dynamiques. Le tourisme génère des devises fortes et crée des opportunités d’emploi. A cet égard, les activités de coopération touristique ont pris récemment une importance accrue sur l’agenda de l’OCI. Cela est dû au fait que les Etats membres de l’OCI ont commencé à se faire une place parmi les principales destinations touristiques internationales, à l’instar de la Turquie, de la Malaisie, de l’Egypte, de la Tunisie, du Maroc etc. Les entrées touristiques ont été de 116 millions dans les Etats membres de l’OCI et ont généré plus de 75 millions US $ de recettes en 2006. Les flux touristiques intra-OCI représentent un tiers du total. D’où les perspectives prometteuses de la coopération entre les Etats membres dans ce secteur. Le développement touristique dans les Etats membres de l’OCI est également lié à la réalisation des objectifs du PAD. A ce jour, six sessions de la conférence ont été organisées avec succès. La sixième session de la CMAE a examiné et adopté « le cadre de développement et de coopération dans le domaine du tourisme entre les Etats membres de l’OCI », visant à accentuer la prise de conscience par le public des atouts touristiques qui abondent dans les pays de l’OCI, en vue d’encourager les visites touristiques dans les autres pays membres en mettant à la disposition des visiteurs potentiels une documentation complète et en mettant à niveau les capacités touristiques existantes. A cet égard, le gouvernement syrien, président de la 6ème CIMT et le Secrétariat général de l’OCI, ont organisé la première réunion du comité de coordination sur la mise en œuvre du « cadre de développement et de coopération dans le domaine du tourisme », en mars 2009 à Damas. En outre, les Etats membres de l’OCI ont commencé à lancer des projets mixtes dans ce domaine. Je citerais à titre d’exemple le projet intitulé « développement durable du tourisme à travers un réseau transfrontalier de parcs et d’aires protégées en Afrique de l’Ouest », qui couvre 9 Etats membres de l’OCI. De surcroît, le 1er salon du tourisme de l’OCI (2005, Turquie), et le 1er forum islamique du tourisme (2007, Arabie Saoudite) ont été organisés avec succès en tant qu’outils parmi les plus importants pour la promotion et la commercialisation des divers produits et services liés au tourisme. A ce propos, je suis heureux de vous informer que le 2ème salon du tourisme aura lieu en juin 2009 à Beyrouth. Je suis certain que cette manifestation permettra de doper la coopération entre les Etats membres. J’aimerais également attirer votre attention sur un autre pan important de l’économie où les Etats membres de l’OCI s’efforcent activement de promouvoir leur coopération. Il s'agit du secteur cotonnier, qui joue un rôle important dans le développement socioéconomique de plus de 20 Etats membres. Ces pays s’adjugent en effet 28% de la production total du coton dans le monde, 24% de la consommation mondiale, 36% des exportations et 27% des importations. Le coton est particulièrement important pour le bien être socioéconomique et le développement des pays membres d’Afrique centrale et de l’ouest. La filière coton y fait vivre en effet la majorité de la population rurale. Cependant, et indépendamment du rôle considérable de la production cotonnière pour les pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, les cours du coton tendent à décliner sur le long terme, d’après une étude du comité consultatif international du coton (ICAC). Le principal facteur qui se trouve derrière ce phénomène est l’effet distordant des subventions internes pratiquées par les Etats-Unis et l’UE. Ces subventions destinées à soutenir leurs producteurs de coton, encouragent la production intensive et les exportations ; mais elles créent à contrario une pression sur les cours internationaux dans le sens de la baisse. Les prix déclinants du coton constituent une très grande menace pour la croissance durable et le développement des pays producteurs et exportateurs de coton et représentent un obstacle majeur sur lequel butent nos efforts de lutte contre la pauvreté en Afrique. Depuis 2005, l’OCI a ainsi été amenée à accorder une importance primordiale au coton. L’OCI a piloté la préparation et l’adoption du programme quinquennal de l’OCI (2007-2011) pour aider les Etats membres à booster leur production cotonnière et promouvoir le secteur, surtout en Afrique. La plupart des participants se sont montrés parfaitement conscients du fait que le plus grand défi à relever par l’OCI est aujourd’hui celui des déséquilibres économiques flagrants qui existent entre les pays membres. Cette disparité doit être appréhendée comme un impératif pour la coopération plutôt que comme un obstacle à une interaction plus poussée. Pour cette raison, l’OCI et ses institutions accordent une plus grande attention au développement économique et à la coopération entre ses Etats membres à travers le lancement et la mise en œuvre d’une vaste panoplie de programmes et des projets au bénéfice de tous les Etats membres. Les gouvernements et la communauté d’affaires de tous les Etats membres de l’OCI doivent donc prendre des mesures sérieuses pour mettre davantage à contribution ces institutions si tant est qu’ils veuillent promouvoir leur intégration économique. Mesdames et Messieurs, A cette occasion, j’aimerais également évoquer brièvement la crise financière globale qui a été précédée d’une crise alimentaire, une crise alimentaire qui avait déjà sérieusement éprouvé l’économie agricole internationale et souligné la fragilité du concept de sécurité alimentaire de la planète. A la suite des fluctuations des prix pétroliers et des denrées alimentaires, on a estimé que 100 millions de personnes de plus sont venues grossir les rangs des pauvres. Les prix ont maintenant baissé. Mais des centaines de millions de citoyens des nations pauvres doivent encore lutter chaque jour pour survivre et faire vivre leurs familles avec un revenu de 2$ ou moins par jour. En réaction à la crise alimentaire, le CMAE s’est penché sur la question de la sécurité alimentaire à sa 35ème session et a adopté une résolution pertinente. Cette résolution appelle les Etats membres à conjuguer leurs efforts pour remédier à la crise alimentaire et réaffirme l’importance de la coopération en vue d’augmenter la production agricole au moyen de l’investissement, du transfert d’expertise ou de la concession de terres arables. A cet égard, je suis heureux de noter que des accords de partenariat sont en passe d’être conclus entre certains pays de l’OCI disposant de ressources financières et de capacités managerielles et techniques et des pays disposant de terres arables, d’eau et de ressources humaines. Au mois de novembre, le président de la Banque mondiale M. Robert Zoellick avait noté que la crise financière mondiale allait toucher le plus durement les plus pauvres et les plus vulnérables dans les pays en développement. Il avait prédit que chaque baisse de 1% du taux de croissance dans les pays en développement se solderait par 20 millions supplémentaires de nouveaux pauvres. Quand les gens tombent dans la pauvreté, on assiste à une brusque prolifération des conflits et des menaces à la paix et à la sécurité nationales, régionales et internationales à travers le globe. Aussi, la crise actuelle ne doit pas être appréhendée uniquement sous ses aspects et ses effets économiques mais aussi en termes de risques politiques, sociaux et démographiques. La Banque mondiale prévoit que l’économie mondiale pourrait perdre 1 à 2 points de croissance cette année et que les difficultés pourraient perdurer jusqu’à 2010. Ces chiffres sont beaucoup plus pessimistes que les pronostics de départ. Le FMI a fait lui aussi des prévisions similaires. Il pense que l’économie mondiale va perdre de 0,5 à 1% en 2009. La sortie du tunnel pourrait intervenir au cours du premier semestre 2010. L’OCDE est encore plus pessimiste : elle prédit que ses 30 Etats membres perdaient près de 4,3% cette année et que la récession continuerait en 2010, scenario nettement plus sombre que celui de la Banque mondiale. En fait, la crise financière actuelle a remis en question l’intégrité et la durabilité du système monétaire et financier existant. « L’acuité de la crise et son extension au monde entier reflètent les vulnérabilités inhérentes et les risques du système monétaire international actuel » soutient le gouverneur de la Banque centrale de Chine M. Zhou Xiaochuan. Dans un essai posté sur le site de la banque en mars 2009, il a proposé de replacer le dollar en tant que monnaie de réserve internationale par un nouveau système mondial contrôlé par le FMI. Il a souligné que « le but recherché à travers les reformes du système monétaire … est de créer une monnaie de réserve internationale déconnectée des nations individualisés et capable de rester stable à long terme, supprimant du même coup les déficiences inhérentes causées par le recours à des devises nationales basées sur le crédit ». A cet effet, M. Zhou a proposé d’élargir le rôle des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, pour pouvoir les utiliser dans le commerce international et les transactions financières. Cet article traduit les préoccupations de la Chine au sujet des risques inflationnistes potentiels de la mise en circulation d’une masse de dollars par la réserve fédérale US afin de lutter contre la crise actuelle. Et ces appréhensions sont extrêmement pertinentes si l’on considère que la Chine détient des réserves de dollars de plus de 2000 milliards. Elles ont également le mérite de soulever un certain nombre de critiques salutaires à propos du système monétaire et financier existant. Je suis sûr que cette conférence prendra à cœur de discuter des causes et effets de cette crise mondiale en vue de faire des recommandations tangibles pour sauver les économies des pays en développement et, en particulier, les PMA, qui sont les plus vulnérables à ce genre de crises. Aujourd’hui et alors que nous nous trouvons au bon milieu de la pire crise financière, le monde cherche désespérément une solution viable en termes de système financier durable. A cet égard, le système bancaire et financier islamique bénéficie à présent d’une chance unique pour devenir un acteur important du nouvel ordre financier international et gagner la confiance de tous. Ceci parce que des nombreux experts et officiels ont confirmé que le système bancaire islamique n’a pas été affecté par la crise financière mondiale et que de toutes façons les éventuels effets pervers ne pourraient être que limités vu la nature du système. Le système bancaire islamique, qui avait fait ses premiers pas dans les années 70, a d’abord prospéré dans divers pays membres de l’OCI avant de faire encore mieux à une époque plus récente dans des pays non musulmans où ses actifs ont bondi de 700 à 900 millions de dollars en 2009. Les titres islamiques appelés Soukouk ont été émis par diverses institutions et pays pour une valeur cumulée de 100 milliards de dollars, d’après certaines estimations. La valeur globale des Soukouk émises jusqu’à la fin 2008 est estimée à 82 milliards de dollars $. Le système bancaire islamique est en plein boom est apparait comme l’un des créneaux les prometteurs. Néanmoins, ce système a encore un long chemin à parcourir avant de devenir une alternative sérieuse à la finance et au système bancaire conventionnel. Pour le moment, il ne représente qu’une petite fraction du secteur des services financiers mondiaux ; c’est pourquoi cette conférence nous offre l’opportunité de réfléchir aux moyens de faire de l’économie islamique une alternative valable et un modèle économique viable pour nos pays. Honorables participants, Avant de conclure, j’aimerais rappeler que la solidarité islamique avait été depuis le départ un concept-clé ayant motivé la création de l’OCI en 1969. Cette année là, l’OCI était née dans un monde différent de celui d’aujourd’hui. La plupart de ses pays membre étaient de jeunes Etats, devenus indépendants après la 2ème guerre mondiale, et ils étaient tous engagés dans de différents processus de transition pour consolider l’appareil de l’Etat. Ils étaient mus en cela d'un grand dessein: un développement socioéconomique rapide. Cela était nécessaire pour combler le fossé des revenus et du développement entre eux et les pays avancés. On assista alors à de savants débats entre économistes pour savoir si ces pays étaient « sous développés » ou « en développement ». 1969 et 1970 marqueront la fin de la première décennie de développement des Nations unies. Cette décennie fut également marquée par la division de la planète entre le « nord » et le « sud ». Les membres de l’OCI aveint été tous rangés dans la catégorie « sud ». Le dialogue nord/sud n’avait pas été très prometteur en termes de développement dans un environnement fortement concurrentiel, sauf pour les vendeurs de matières premières. Mais ces pays disposaient d'une alternative dans leur combat pour la croissance économique et l’industrialisation : la coopération entre eux. C’est effectivement la coopération sud/sud, qui a permis d’ouvrir la voie à l’accroissement des échanges commerciaux et aux flux d’investissement et de régler les problèmes communs au moyen d’arrangements bilatéraux ou multilatéraux. L’OCI s’est avérée fort utile à cet égard. Au fil du temps, l’OCI n’est certes pas devenue une coalition de nations comme l’Union Européenne, mais elle a réussi à fonctionner comme une plateforme commune pour booster la coopération économique entre ses membres. L’OCI a pu fédérer des pays possédant des caractéristiques démographiques, économiques et géographiques diversifiées et nantis de systèmes de gouvernement et de structures sociales différents. Des transformations majeures se sont opérées au niveau de l’économie et de la politique mondiales après l’avènement de l’OCI ; et les divers changements et challenges auxquels les pays musulmans font face ont marqué est influencé le processus de développement et dévolution de l’Organisation. Avec le temps, elle s’est muée en une organisation intergouvernementale forte de 57 Etats membres, ce qui fait d’elle la deuxième plus grande instance mondiale derrière les Nations unies. Aujourd’hui, et à l’heure où elle fête son 40 anniversaire, elle semble plus que mature que jamais et plus apte à se vouer au service de ses Etats membres et de la Oummah islamique. En conclusion, j’aimerais vous faire remarquer que je n'ai fait ici que survoler un certain nombre de problématiques économique présentant un intérêt vital par notre Oummah islamique. Toutes ces problématiques mériteraient en fait un examen approfondi. Je crois résolument que les délibérations que vous allez avoir et les recommandations que vous allez adopter nous seront d’un précieux apport pour faire avancer l’économie islamique dans les pays musulmans et dans le monde entier. Je vous souhaite le plein succès dans vos travaux et attend impatiemment de prendre connaissance de résultats positifs de cette importante conférence. Merci de votre attention. Wassalamou aleikom wa rahmat Allah Wa barakatouhou