Date: 03/01/2009
DJEDDAH, 3 JANVIER 2009 Bismillahir Rahmanir Rahim Excellences, Messieurs les Ministres, Excellences, Messieurs les Ambassadeurs, Nous nous réunissons aujourd’hui dans un contexte de l’escalade de l’agression israélienne sur la bande de Gaza qui a violé tous les interdits et a atteint une gravité telle que des centaines de civils innocents, y compris des enfants, des femmes et des personnes âgées, en ont péri en plus de milliers de blessés et d’une destruction systématique des infrastructures de services publics laissant derrière elle une situation humanitaire catastrophique due à l’intensité des bombardements et la difficulté pour les secours d’arriver sur les lieux. Je n’ai pas de mots assez forts pour décrire cette tragédie dont les actes se succèdent dans la bande de Gaza. Il s’agit, sans aucun doute, d’une violation de toutes les valeurs humaines, et d’une atteinte flagrante à la vie humaine et au droit à la vie reconnu par toutes les législations. Nous ne devons pas rester les bras croisés devant ces atrocités jamais connue dans le monde contemporain, c’est pour cela que nous avons convoqué cette réunion pour décider de ce que nous devons faire de façon concrète pour faire face à cette agression unique. Une situation aussi tragique exige une action islamique rapide, sérieuse et efficace pour y mettre fin et délivrer le peuple palestinien de ses séquelles. Nous ne devons ménager aucun effort pour arrêter le bain de sang infligé au peuple palestinien désarmé qui a vu ses droits spoliés, ses fils forcés à l’exile et dispersés de par le monde, et ses libertés et ses droits fondamentaux confisqués. Les dirigeants politiques, en Palestine et dans le monde islamique, ont tous devant eux une responsabilité historique dans ce contexte très délicat de notre présent. Les peuples du monde islamique attendent de nous tous des positions claires exprimant la volonté de la Oummah et sa solidarité avec le peuple palestinien dans cette épreuve, ils aspirent que nous dépassions les mots pour entreprendre une véritable action à la hauteur de la sagesse et du sérieux que requiert cette étape de notre histoire. Le monde islamique attend de ses dirigeants et de tous ceux qui ont une responsabilité politique, de faire tout ce qui est de leur possible pour mettre fin aux souffrances endurées par la Palestine depuis 60 ans, qui se sont aggravées pour arriver à la situation combien avilissante connue récemment par la bande de Gaza. Je dis avec la plus grande tristesse, que le monde islamique vit un curieux paradoxe. Il détient d’énormes capacités qui lui permettent d’agir et de défendre ses intérêts. Il a des potentialités économiques, et son importance stratégique s’accroît de jour en jour, ce qui le prédestine à jouer un rôle digne du poids de cette grande Oummah. Mais ce qui est paradoxal c’est que ces potentialités matérielles et l’importance dont jouit notre monde islamique ne se traduisent pas dans les faits et la réalité. Toutefois, j’ai une forte conviction que la Oummah islamique, qui a pu trouver des solutions pour sortir des crises les plus difficiles dans les périodes les plus sombres de son histoire, pourra se relever de nouveau pour sortir de l’épreuve actuel renforcée et la tête haute. Excellences, Dès les premières heures de l’agression israélienne sur Gaza, l’OCI a condamné les crimes d’Israël et lancé un appel à la communauté internationale et à ses institutions pour une intervention rapide en vue d’y mettre fin et de protéger le peuple palestinien de ses horreurs. Je me suis concerté avec un certain nombre de dirigeants et de responsables des Etats membres pour coordonner une action islamique visant à délivrer le peuple palestinien de l’étau de cette agression et répondre à ses besoins immédiats. J’ai également instruit le représentant permanent de l’OCI à Genève de procéder aux concertations nécessaires avec le groupe islamique pour examiner la possibilité de tenir une réunion d’urgence du Conseil des Droits Humains des Nations Unies pour prendre des décisions et dispositions en vue de faire cesser les bombardements et d’assurer la protection du peuple palestinien contre les agressions israéliennes. Je voudrais aussi vous informer que la République islamique d’Iran a demandé la convocation d’une réunion extraordinaire au niveau du Sommet ou, à défaut, au niveau du Conseil des Ministres. Dans ce contexte difficile que traverse la cause palestinienne, nous invitons toutes les parties concernées, à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine, à laisser les considérations politiques de côté pour œuvrer à l’arrêt du bain de sang et permettre aux populations de Gaza de conserver le peu de moyens de survie qui leurs reste. C’est ainsi que nous appelons vivement à un cessez-le-feu immédiat, aux fins de permettre aux secours médicaux et humanitaires d’accéder à la bande de Gaza par tous les points de passage. Nous rappelons également à nos Etats que, lors de sa réunion extraordinaire élargie tenue au siège du Secrétariat général de l’OCI à Djeddah le 27 chawwal 1427H (18 novembre 2006), votre Comité exécutif a déjà adopté une résolution appelant les Etats à briser le blocus imposé au peuple palestinien et à agir auprès de la communauté internationale pour y mettre fin. Le même Comité exécutif a tenu, le 25 muharram 1428H (3 février 2008) à Djeddah, une réunion élargie au niveau des Ministres des Affaires étrangères au cours de laquelle il a pris une résolution saluant l’initiative prise par le Secrétaire général de l’OCI pour collecter l’aide nécessaire aux fins de satisfaire les besoins humanitaires fondamentaux des populations palestiniennes de Gaza. C’est le moment pour nous tous de mettre en exécution ces résolutions en plus de prendre de nouvelles décisions et dispositions dictées par la situation actuelle, pour mettre fin à ce drame humanitaire sans précédent. Notre réunion d’aujourd’hui se tient après celle tenue il y a deux jours au niveau des Ambassadeurs pour proposer un certain nombre de dispositions et de mesures qui peuvent être prises à différentes échelles pour faire cesser l’agression israélienne persistante contre le peuple palestinien. Les propositions, telles qu’elles figurent dans le projet de communiqué final, comprennent un ensemble de mesures pour agir aux différents niveaux notamment ceux des Nations Unies, de ses institutions et des parties internationales comme étant parmi les choix importants que la Oummah doit adopter pour mettre un terme à ce drame sans précédent. Dans ce cadre, nous invitons les Etats de notre Organisation, membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies (la Turquie, la Jamahiriya libyenne, l’Ouganda et le Burkina-Faso) de ne ménager aucun effort pour que le Conseil prenne d’urgence une résolution exécutoire en vue de mettre fin à l’agression israélienne et d’imposer un cessez-le-feu total. Au cas où le Conseil de Sécurité faillit à prendre ses responsabilités, nous appelons tous les Etats membres de notre Organisation à s’unir pour soutenir la convocation d’une réunion de l’Assemblé générale dans le cadre de « l’union pour la paix », en coopération avec les autres membres des Nations Unies. Je profite de l’occasion pour appeler l’administration américaine, notamment le Président élu M. Obama, à accorder une importance capitale aux conséquences possibles des attaques israéliennes sur l’avenir des efforts visant à trouver une paix globale au Moyen-Orient notamment entre les israéliens et les palestiniens ainsi que sur les efforts de la nouvelles administration américaine pour l’amélioration de l’image des Etats-Unis d’Amérique dans le monde islamique. Devant l’ampleur de la catastrophe humanitaire subie par les civils palestiniens de la bande de Gaza et qui arrive à un degré on ne peut plus dramatique, je voudrais également appeler cette conférence à entreprendre une action humanitaire d’urgence et intégrée, sous l’égide de l’Organisation de la Conférence islamique, afin que nous puissions au moins fournir aux victimes des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, les secours humanitaires d’urgence dont elles ont besoin dans tous les domaines. Il va sans dire que l’unité nationale palestinienne constitue un grand rempart devant ceux qui complotent contre le peuple palestinien et sa cause juste. C’est ainsi que l’une des première priorités de toutes les forces palestiniennes doit rester l’unification de leurs rangs. Tout le monde doit œuvrer à mettre fin à la division qui permet aux ennemies d’atteindre leurs objectifs et d’exploiter ces divergences pour arriver à leurs fins. En votre nom, je voudrais lancer un appel à toutes les forces vives palestiniennes de quelle tendance qu’elles soient pour qu’elles s’élèvent au dessus des considération étriquées et qu’elles s’engagent d’urgence, dans un dialogue nationale sérieux susceptible de les sortir de cette situation de division et de leur permettre de parvenir à l’unité nationale palestinienne en vue de conserver les acquis nationaux et d’aller droits vers la réalisation des objectifs du peuple palestinien. Comme nous l’avons déjà fait en décembre 2006, lorsque nous avons entrepris des démarches pour réconcilier les palestiniens, je voudrais encore une fois exprimer notre entière disponibilité pour faire tout ce qui est de notre possible aux fins de parvenir à la réunification des rangs des palestiniens. Messieurs les ministres, Excellences, Honorables délégués Comme en Palestine, la Somalie, qui compte parmi les Etats membres fondateurs de notre Organisation, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins et a besoin de compter sur la solidarité sans faille des autres Etats membres. En effet, la situation politique et humanitaire parait des plus critiques. Le processus de paix de Djibouti, qui reste l’unique processus politique crédible actuellement en cours en Somalie et dans lequel l’OCI joue le rôle de facilitateur et d’acteur international majeur, se trouve sérieusement hypothéqué. Le lourd investissement que nous avons placé dans ce processus, qui a déjà produit l’accord de paix historique de Djibouti entre le gouvernement fédéral de transition (TFG) et la coalition de l’opposition représentée par l’alliance pour la ré-libération de la Somalie (ARS), conduite par Cheikh Cherif, ne devrait pas être perdu et appelle en conséquence le soutien sans réserve de tous les Etats membres. La série de pourparlers engagée par l’OCI avec le TFG, Cheikh Sharif et d’autres leaders de l’opposition, a finalement permis de les convaincre de se joindre aux négociations en tant que partenaires de paix. J’ai également lancé plusieurs appels au TFG en vue de mettre fin aux dissensions internes entre l’ancien président et le premier ministre, qui font peser sur les épaules du Gouvernement somalien un lourd fardeau et constituent une perte de temps superflue dans le processus global de mise en œuvre de l’accord de Djibouti. La situation ainsi créée a été au demeurant exploitée par les insurgés et principalement par le groupe de militants du Shabaab dont on dit qu’il contrôlerait de larges portions du territoire somalien. Selon les informations disponibles, ils seraient même, dit-on, déjà aux portes de Mogadiscio et pourraient s’emparer de la capitale lorsque les Ethiopiens, qui ont rejeté les appels de l’Union africaine à retarder leur départ pour éviter de créer un vide sécuritaire en attendant de leur trouver des remplaçants, auront évacué le terrain. J’aimerais donc réitérer mon appel vibrant à tous les Etats membres pour leur demander d’envoyer d’urgence des troupes et de fournir toutes les formes possibles d’assistance logistique, financière et autres pour appuyer les opérations de maintien de la paix de l’AMISOM en Somalie et le déploiement du contingent conjoint de sécurité du TFG et de l’ARS en vue de faire avancer le processus de paix de Djibouti internationalement soutenu. J’aimerais également exhorter les Etats membres à accorder une assistance humanitaire d’urgence au peuple somalien dans le besoin et à donner au Secrétariat général les moyens financiers requis pour ouvrir un bureau de l’OCI à Mogadiscio en tant que symbole de notre engagement permanent aux côtés de la Somalie. Pour terminer, je souhaite que votre réunion connaisse un grand succès et atteigne ses nobles objectifs. Wassalamou allaykoum wa rahmatou llahi wa barakatou